10 novembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 2 Scene IV

Le moustique vint, vole à travers la pièce et de son doux grincement, heurte l?oreille de votre cher conteur. D?un coup, je tente de l?attraper, de le coincer contre le mur et de le percer de part en part, mais seule la plume heurte la pierre et la tache d?encre noire. J?ai flingué ma plume.

Excusez-moi, mais je change de stylographe, et d?une calligraphie modeste, je vais vous conter la suite de l?épopée.

Sur le crâne de certain prophète, qui de leur sophisme endorment les électeurs et la raison du siècle pour réveiller l?oraison funèbre des dictatures, poussent non des cheveux, mais des fils barbelés en acier trempé. Ce n?est point une couronne d?épine, signe emblématique du martyre, mais bien des appendices pileux d?une autre forme, qui dévoile les êtres autoritaires. Les fils sortent du crâne, y réentrant, pénètrent le cerveau et traversent les lobes de part en part, y arrachent les neurones. Ce ne sont point des antennes ; ces êtres sont des coquilles vides et sans trésors, qui restent dans une sorte de monde intérieur séparé du notre par de vastes parois uniformes et impénétrables. Ils ne mangent, ni ne digèrent rien, sauf parfois leurs barbelés qui irritent leurs gorges et leur ?sophage, détruisent une à une les dents et leur langue, cette turgescence qui permet de différencier le goût et de tirer les saveurs en plusieurs catégories (âcre, sucré, acide... par exemple.).

Lorsque les douleurs s?intensifient au c?ur du cervelet, jusqu?à en devenir intolérable, ils deviennent comme leurs tourments. On ne peut les soigner. Leur mal persiste, et pourtant, on ne peut les enfermer pour de simple raison d?infirmité physionomique, cela sera indécent et hors de propos. Nous avons d?autres morales que la leur, qui est si malléable, qui se plie aux moindres souhaits ou désirs, propre à agrémenter leur compte, leur fortune personnelle (leur destin propre); (mais peut-être pas si propre que ça).

Lorsque l?un d?entre eux meurt, telle une hydre folle ou une paramécie paramnésique, il a le temps de se diviser pour former deux entités distinctes, mais fille et mères en même temps. (Et une abréviation en filles-mères reste caractéristique de leur situation ambiguë ainsi que de leur comportement.) Il faudrait les couper toutes instantanément, pour ne point laisser de chance, à l?avenir d?en voir réapparaître sous une forme symétriquement identique.

Oublier tout cela, la démagogie n?est point une manière d?affubler les écrits. Oublions ces personnes de rescisions constantes. Il y a des gens dont rien que le fait de taire le nom, c?est déjà trop en parler !

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