22 décembre 2006

L'antre X

J'ai tendu à travers le ciel une ligne
Brisée et blanche.
Des notes y semaient la partition
de leur modeste mélodie.
Lorsque la page
Déchirée fut éparpillée
Les notes suivérent
Le tourbillon....
Un poéte vint et sema
La graine de la
Musique nouvelle.
Addagio :
L'étourdissement monta lentement dans l'Antre X.

21 décembre 2006

Souad Massi - Raoui ( Le Conteur )


Découvrez Souad Massi!


Raconte, conteur
Raconte une histoire, une légende
Parle- nous des gens d'antan
De Loundja, la fille de l'ogresse et du fils du Sultan

Commence par "Il était une fois",
Offre-nous des rêves
Commence par "Il était une fois"
Chacun d'entre nous a une histoire au fond de son cœur

Raconte, oublie que nous sommes grands
Comme si nous étions des enfants
Nous voulons croire à toutes les histoires
Parle-nous du paradis et de l'enfer
De l'oiseau qui n'a jamais volé
Donne-nous le sens de la vie

Raconte, comme on t'a raconté
Sans en rajouter, sans en enlever
Prends garde, il existe une mémoire
Raconte, fais que l'on oublie notre réalité
Abandonne-nous dans ce "Il était une fois".

Souad_Massi

18 décembre 2006

Séparation - des dix cordes

L'antenne branle du haut de son mât,
et jette des défis à l'orage.
La foudre s'abat et avale d'un coup
le paysage noirci de brume.

La nuit tombe lourdement sur les
épaules des passagers du tonnerre.
L'antenne achève son ascension,
joignant les deux extrémités.

Un homme sépara l'orage de part en part,
ouvrit le rideau de pluie qui couvrait
son visage et ce paysage incertain.

Des lacs glacés débordaient des yeux immenses
de la grande fille aux cheveux longs.
Elle baisait d'un regard Tous les hommes,
et leurs obscures désirs et volontés.

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Le reste de l'heure s'écroula...
"J'ai voulu dénombrer les sens de l'homme".
Mais franchement, il n'y a rien de plus chiant
qu'un paysage asymétrique et ténébreux.

17 décembre 2006

Andrée Chedid

"En ce monde Où la vie Se disloque Ou s'assemble Sans répit Le poète Enlace le mystère Invente le poème Ses pouvoirs de partage Sa lueur sous les replis."

Andrée Chedid, in "Anthologie de la poésie française du XXe siècle", Ed. Poésie / Gallimard

16 décembre 2006

L'enfant du massacre

Elle joue avec ses cerceaux au dessus des volcans, dans des hurlements de loups échappés d'un commissariat. Elle détourne son regard, un instant, pour s'en retourner à ses jeux. La danse du soir commence son tour, au tour d'elle, et étreint son ombre. La nuit la kidnappe, la serre fort, très fort, trop fort.
Elle s'échappe comme ça, comme le vent baigné du printemps, d'un pas agile mais fragile. Elle se relève et courre au près de son cerceau qui s'envole toujours plus loin, toujours plus vite. Il déboule d'entre les maisons de la casbah, cherchant une impasse où s'arrêter, mais ne trouvant pas, il roule, suivant la pente. Ses pas le suivent essoufflés, des pas rapides et allongés, des plus courts et plus rapides, des lents mais bien plus longs, des pas qui saccadent cette course. Suivant toujours une ligne tracée, le cerceau efface l'horizon, pour devenir l'horizon lui même, Sans lui, elle n'est plus rien qu'une poupée à la jupe déchirée, petite soeur naturelle de Pinocchio, à la peau au même ton boisé, au sourire qui ne meurt jamais, à la larme qui lave la terre, et aux mains si dures, qu'elles semblent semblent déjà tanner par le travail.
Le cerceau poussé par le vent furieux traverse encore une rue, une ruelle, un square aux ombres étourdis, un chalet qui n'aurait pas dû être là, une toiture dévastée, un paravent chinois aux dames brodées d'or. Puis s'arrête, là comme ça, pour rien, pour elle surtout, et tombe à terre. Ses doigts viennent le rattraper lui, l'audacieux qui voulait s'échapper. Il a traversé l'artère.
Elle tend ses doigts noirs et moite sur ce morceau de bois, qui fut en vie un instant pour retirer un couteau sous la gorge d'une enfant. Il s'est sauvé, pour la sauver.

14 décembre 2006

Étron 415 & turbine sanguine


Découvrez The Slits!


Il est regrettable, Madame,
que votre pensée s'en va
vers d'autres que moi.
Ça ne me va pas, va point.

Le coeur n'est pas une urne,
où s'entassent les bulletins
qui désignent le vainqueurs
comme on dénonce un voleur.

L'âme n'est pas une pensée
qu'on arrose chaque matin
du lendemain, où notre pied
crapuleux l'a écrasé.

Les taches sur les draps font
des fleurs qu'on offre aux jeunes
adolescent, qu'on aimait jadis
dans d'obscurs espoirs.

Le foutre gai, fraîche gourde,
nos corps s'unissent et punissent
Dieu de son incompréhension,
face aux mystères de la création.

Loin d'être des êtres humains,
nous retournons à l'état primitif
ressemblant plus à des foetus
pustulant qu'à des gallinacés emblématique.

La pauvreté est saine,
jusque dans ces coups de gueules,
ses coups de fusils, ses flics morts.
Elle est ! l'argent n'est point.

L'écu traîne et pour lui, le froc baissé,
notre cul à l'air, nous montrons
le sillons impur, où sombrent
les morts de quatre vingt neuf.

La guillotine laisse des traces
dans les livres de classe,
mais au milieu des places
dans les villages, on garde sa place.
Au milieu de toute cette crasse,
m'en veut pas, je craches.

Délimité à la craie blanche,
pointillée comme sur le cou du condamné,
le reste, c'est l'histoire,
qui pourrit pour mieux renaitre.

Pardonnez Mademoiselle,
mais le vers libre, le mien,
fout le camps. On a beau
le rappeler à l'ordre, il s'enfuit.

Dans le désordre, il se complaît.
De cette anarchie méthodique
renaît un monde épelé
en huit lettres dissolues.

Peut importe le reste, ce n'est pas
un mot vain, jeté des livres d'école,
comme on jette un os à un chien.
Nous sommes tous des chiens.
Files moi ta laisse, j't'laisses.
Ceux qui le sont le comprendrons.




Léo, ne crois pas que tout soit finit.
En grande partie, ça l'est,
mais pour le reste...
Il me reste quelque part
dans la mémoire,

Un bière, une fille, un poème,
et le reste dans le feu,
qui soudain s'empare de la bouse,
des urnes, des drapeaux et des oripeaux,
des oriflammes, ces jeux d'échecs
contins, des cadavres d'oiseaux morts,
des souvenirs de Cocteau,
des éléphants analphabètes,
des lampadaires anorexiques,
des lexiques venimeux,
des arts encyclopédisés,
des lèches cul,
des cul de bouteilles,
des bouteilles en verres
des vers à soit,
des soyeux vernisseurs,
des noceurs d'argent,
des argentés chroniques,
des chroniques qui continuent
de ne pas finir,
et continuent sur les fils
d'acier tendu en plein
ciel, comme les tirs de
DCA galvanisé, par une
foule en délire, applaudissant
aux couleurs,
Sitôt tout s'effondra,
s'éteignit et retrouva

Madame, allongée sous la table,
à sniffer des lignes blanches
entre deux lames de rasoirs.
Ces bas étaient défaits et filés.
Elles en finissait pas de sniffer
des lignes blanches, continues !

Elle geignait, encore, heureuse !

13 décembre 2006

Bidibule

http://www.lamusiquenapasdeprix.com/
http://www.bidibule.net/

Bien qu'Orane m'est fait remarquer récemment que je ne disais jamais pourquoi je refilais un lien vers tel ou tel site d'un chanteur. J'ai pas franchement envie d'expliquer mes raisons de mes choix. Bordel ! la musique ça s'écoute, ça se déguste, ça se conserve dans un coin d'une foutue boîte neuronale, et ça se siffle lorsque l'envie vient. Mais en parler, franchement... Tout le monde en parle, moi j'ai juste envie d'écouter un petit morceau en passant. ça me plaît, et si ça s'trouve, demain, ce même morceau me donnera l'effet d'un valium au p'tit matin.
Alors comme l'instant présent vaut mieux que dix milles journées passées, vous n'aurez pas mes raisons, de pourquoi BIDIBULE. Juste que là, à cet instant ça me plaît, et que j'ai pas envie de changer de morceau, j'ai pas non plus envie de choisir entre "L'aile ou l'artiste".

12 décembre 2006

Par la fenêtre

La lune rampe le long des toits
et des courbes des gouttières
pour se noyer dans les flaques d'eau,
et des gouttes de pluie.

La lune rampe le long des parkings
et des carrosseries métallisées.
Elles s'agrippe aux rampes
des balcons du deux pièces loggia.

La lune perce les rideaux
de sa lueur au blanc velours
vient s'échouer maladroitement
sur ta fesse droite.

07 décembre 2006

R O S A

Une dernière rose pour l'amour,
Une dernière rose pour Rosa -
A latest rose to Rosa... -
Excuse me ! Mais elle était fraîche
baignée d'une rosée saine.

Elle se cramponnait à la terre,
face aux vents qui pouvaient la secouer,
face aux pas qui voulaient l'écraser,
sans même daigner la voir,
celle dont l'écrin n'étalait pas le diam intérieur

Les fleurs se mouchaient dans les rayons
d'un futur qui dort encore
dans les sommes d'un enfant,
Le cancre aux fonds des classes silencieuses.
Elles s'épanouissaient en dedans.

Les hommes se mettent debout
pour prendre les armes, les pinceaux,
les truelles, les bêches et les crayons
et s'en vont peindre et construire
des roses pour leurs bien aimées.

Même si les ports ne se vident jamais,
parfois ils s'éteignent, comme un
vent glacé qui emportent sur la vague
cette rose pour le marin disparu
en mer, évanoui dans l'horizon.

Les quaies acceuillent sur leurs planches
les immigrés des terres inconnus.
Ils viennent peupler les terrains propices
aux germes nourriciers, qui combleront
leurs estomacs affamés. Rosa arrive ici.

L'horizon emporte avec lui des bateaux,
des montagnes, des paysages et des visages
qui semblaient familier et si lointain.
Alors Rosa give a glass of a new wine
to the last immigrant que nous sommes.

Bénis, les enfants montent sur ce rafiot
qui ne peut retenir l'eau plus longtemps.
Le bateau coule à quai, emportant
un dernier espoir pour survivre pour eux.

Rosa est dans tous ces yeux là,
ceux-là qui vaincus, se redressent
pour continuer toujours et encore
malgré les échecs, les coups du sort
et du vent. Ils bâtissent encore et encore.

Le cancre voit une dernière fois,
son rêve s'étaler sur le front blême
de l'agonie qui domine devant lui.
Mais il continue quand même
de voir sa rose s'épanouir.

Digne et maître de soit, le peuple
rejoint encore une fois les rangs
de la mort, parce qu'ils ne peuvent pas
faire autrement, pour l'instant, car ils
savent, qu'un jour, viendra leur tour.

Ils dominent même dans leur total néant,
un maître qui ose les asservir. Le bras
qui tient un outil est le même qui tient une arme.
Des doigts tendus peuvent se replier aussi,
pour former un poing où une étoile.

Rosa donne encore une tranche de rêve
pour l'enfant qui se berce encore
dans son couffin, d'une illusion.
Elle couve ainsi, pour éviter qu'il
ne prenne froid, aux pires moments.

A slave is a mindless man,
hopless man qui cherche peut être
à récupérer ce qu'il a perdu.
Son bien bouffé par la vermine,
des rats, des sots aux vocabulaires restreints.

Combien d'hommes tombent,
pour qu'un seul se tienne debout,
et qu'il puisse prendre entre ses bras
une rose d'un jour ? Rosa est là
pour lui donner les jambes qu'il n'avait pas.

L'horizon portes des tombes sur le revers
de sa fourrure duveteuse et rouge.
Jamais, il ne laisse paraître
un quelconque regret pour eux.
Il verse sa rosée à chaque fois.

La rose tombe pendant le rêve du cancre
qui réveillé, se lance dans une récréation :
"Il couvre et dépasse-moi si tu l'ose Je te promets que je te laisserai la rose."

Le cancre courre et dépasse la vitesse
d'un soleil à bout de souffle.
Il reprend son bien et lui sourit.
C'est juste une fleur. Elle ne meurt pas.

Rosa retrouva ses amis perdus, jadis,
et plante un drapeaux sur les terres
désolées. Bâtissant un empire, où nul n'est coi,
elle unie en son coeur les morceaux
éparpillées de l'humanité déboussolée.

Une dernière rose pour Laura,
A latest rose to my own desire,
qui change à tout bout de champs
d'encre pour écrire sur les pages
calfeutrée d'un cahier à la rose permanente.

Un soir, les encres se diluèrent
dans l'océan du ciel et vinrent
s'étaler sur un royaume,
qui n'avait jamais vu de roi
trôné sur un emballage plastique.

L'étoile n'était qu'illusion
Le rêve n'est que l'arrangement
modelé du superficiel.
Rosa vit peut être encore
dans un rêve de cancre.

06 décembre 2006

L'etranger - Albert Camus

Devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles, je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l’éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j’ai senti que j’avais été heureux, et que je l’étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine".

04 décembre 2006

GRAFFITIS


La tendre inscription sur le fronton
d'une porte, la délicate impression
gravée sur un arbre. Ceci est appelée
graffiti par les gens qui passent devant.

Lâchement, ils regardent, pensent et disent
encore un délinquant qui a écrit sa crise.
Ils ne savent pas que derriére ce coeur dessiné
se cache deux êtres qui s'aiment pour l'éternité.

L'acte d'écrire est le dernier qui nous restent.

01 décembre 2006

Tonio de Saint-Ex

Secteur postal 90.027


Cher cher D.,


Que je regrette vos quatre lignes ! Vous êtes sans doute le seul homme que je reconnaisse comme tel sur ce continent. J'aurais aimé savoir ce que vous pensiez des temps présents. Moi, je désespère.

J'imagine que vous pensez que j'avais raison sous tous les angles, sur tous les plans. Quelle odeur ! Fasse le ciel que vous me donniez tort. Que je serais heureux de votre témoignage !

Moi, je fais la guerre le plus profondément possible. Je suis certes le doyen des pilotes de guerre du monde. La limite d'âge est de trente ans sur le type d'avion monoplace de chasse que je pilote. Et l'autre jour, j'ai eu la panne d'un moteur, à 10 000 mètres d'altitude, au-dessus d'Annecy, à l'heure même où j'avais quarante-quatre ans ! Tandis que je ramais sur les Alpes à vitesse de tortue, à la merci de toute la chasse allemande, je rigolais doucement en songeant aux superpatriotes qui interdisent mes livres en Afrique du Nord(1). C'est drôle !

J'ai tout connu depuis mon retour à l'escadrille (ce retour est un miracle). J'ai connu la panne, l'évanouissement par accident d'oxygène, la poursuite par les chasseurs, et aussi l'incendie en vol. Je paie bien. Je ne me crois pas trop avare et je me sens charpentier sain. C'est ma seule satisfaction ! Et aussi de me promener, seul avion et seul à bord, des heures durant, sur la France, à prendre des photographies. Ça, c'est étrange.

Ici on est loin du bain de haine(2) mais, malgré la gentillesse de l'escadrille, c'est tout de même un peu la misère humaine. Je n'ai personne, jamais, avec qui parler. C'est déjà quelque chose d'avoir avec qui vivre. Mais quelle solitude spirituelle !

Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m'épouvante. Et je hais leur vertu de robots. Moi, j'étais fait pour être jardinier(3).



Je vous embrasse.

.

St.-Ex

[À Pierre Dalloz - 30 juillet 1944 - Secteur postal 99 027]



Notes
(1) Cette interdiction est du 29 juin 1944.
(2) Lire "Alger" (note de Pierre Dalloz).
(3) Cf. Lettre à Pierre Chevrier [30 juillet 1944] :

"[…] J'ai failli quatre fois y rester. Cela m'est vertigineusement indifférent.
L'usine à haine, à irrespect, qu'ils appellent le redressement […], moi je m'en fous. Je les emmerde. Je suis sous le danger de guerre le plus nu, le plus dépouillé qu'il soit possible. Absolument pur. Des chasseurs m'ont surpris l'autre jour. J'ai échappé juste. J'ai trouvé ça tout à fait bienfaisant. Non par le délire sportif ou guerrier, que je n'éprouve pas. Mais parce que je ne comprends rien, absolument rien que la qualité de la substance. Leurs phrases m'emmerdent. Leur pompiérisme m'emmerde. Leur polémique m'emmerde et je ne comprends rien à leur vertu […].
La vertu, c'est de sauver le patrimoine spirituel français en demeurant conservateur de la bibliothèque de Carpentras. C'est de se promener nu en avion. C'est d'apprendre à lire aux enfants. C'est d'accepter d'être tué en simple charpentier. Ils sont le pays… pas moi. Je suis du pays.
Pauvre pays !"

[Textes empruntés - ainsi que les notes - à Œuvres complètes, Pléiade T II, pp. 1050 sq. - Lettre rendue publique à l'origine in Pierre Dalloz, Vérités sur le drame du Vercors, F. Lanore, Paris, 1979, 353 p. - elle y figure aux pp. 274-275].