02 mai 2001

Hadass

je peux te cité quelque chose de Heidegger... j'ai lu ça tout à l'heure...c'est un peu long..."c'est sur une toile de Van gogh... les Souliers
"Dans l'obscure intimité du creux de la chaussure est inscrite la fatigue des pas du labeur. Dans la rude et solide pesanteur du soulier est affermie la lente et opiniatre foulée à travers champs, le long des sillons toulours semblables, s'étendant au loin sous la bise. Le cuir est marqué par la grasse et humide terre. Par-dessous les semelles s'étend la solitude du chemin de campagne qui se perd dans le soir . A travers ce chaussures passe l'appel silencieux de la terre, son don tacite du grain murissant, son secret refus d'elle-meme ds l'aride jachère du champ hivernal. A travers ce produit repasse la muette inquiétude pour la sureté du pain, la joie silencieuse de survivre à nouveau au besoin, l'angoisse de la naissance, le frémissement sous la mort qui menace. Ce produit appartient à la terre et il est à l'abri dans le monde de la paysanne. Au sein de cette appartenance protégée, le produit repose en lui-meme.Tout cela, peut-etre que nous ne le lisons que sur les souliers du tableau. La paysanne, par contre, porte tout simplement les souliers. Mais ce tout simplement est-il si simple? Quand, tard au soit, la paysanne bien fatiguée, met de coté ses chaussures; quand chaque matin à l'aube elle les cherche, ou quand , au jour du repos, elle passe à coté d'elles, elle sait tout cela, sans qu'elle ait besoin d'observer ou de considèrer quoi que ce soit. (...)
Nous n'avons rien fait que nous mettre en présence du tableau de Van Gogh. C'est lui qui a parlé. Dans la proximité de l'oeuvre, nous avons soudainement été ailleurs que là où nous avons coutume d'etre. L'oeuvre d'art nous a fait savoir ce qu'est en vérité la paire de souliers."