25 mai 2005

Une Charogne. - Charles Baudelaire

appelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Épiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses.
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !


Charles Baudelaire

24 mai 2005

Dictionnaire sous brevet

Comme dans la brume, les bras d'une femme ,
Je te le dis, la vie n'est qu'arrogance,
Dans le sang du poéte coule flegme,
Qui jamais ne se tarrie, même dans le pire silence.


Si je peux encore te donner ces quelques mots,
Pour bà¢tir un empire, tu opposeras tes licences,
Empechera le language, par les impôts,
Taxe moi de contrebandiers, je t'oppose mon silence.

Lorsque tous les mots seront sous brevets
Que tous seront propriétés d'industriels
Je te souhaites bon courage pour écrire.

Ce n'est pas les vers qui s'en vont à ce vent mauvais,
qui pourront contrer les langues artificiels
de prendre tes habitudes, tes rêves, et tes rires.

Quand tous ces mots du dico seront sous brevet,
L'impôt sur le bavardage prendra tous son sens,
Gare, Gare aux langues pendus !!!


Je te réinventerais des mots nouveaux,
que tu ne comprendras pas
Ta langue ne sera plus mienne.

22 mai 2005

Pavillon Noir : La Révolte

Harangue d'un Quartier Maître à l'Equipage de sa Prise
Par Renaud Maroy

« Nous venons de vous combattre mais nous sommes frères. Nous vous avons combattu pour votre propre liberté, matelots. Si vous désirez courir les mers librement, sans connaître d'autre maître que vous-même, ralliez-vous sous le Pavillon Noir. Que vous soyez Français, Anglais, Hollandais, Espagnols, Nègres ou Indiens, esclaves ou libres, vous êtes nos frères. Si vos chaînes vous plaisent, libre à vous de les garder et de retourner servir les puissants qui vous méprisent et à qui votre mort sera indifférente. Pourquoi regardez-vous notre pavillon avec appréhension, sa couleur vous effraie-t-elle ? Elle ne le doit pas, car seuls doivent trembler ceux qui méritent notre colère. Noir est notre pavillon, et voici pourquoi, frères : Noire est l'âme des seigneurs pour qui le peuple n'est que chair à canon. Noirs les complôts qu'ils ourdissent les uns contre les autres et dont la seule véritable victime est le peuple. Noire l'Eglise qui maintient le peuple dans l'ignorance et la terreur, en déclarant les rois bouchers de droit divin. Noires les souffrances des marins qui meurent sous le fouet s'ils osent regarder en face leur liberté. »

« Noire sera notre vengeance, lorsque nous deviendrons plus puissants que les puissants. Noir est le canon : notre voix et notre bras. Noire est la terreur du puissant livré à la merci de ceux qu'il a opprimé. Si Dieu ne nous veut pas vainqueurs, alors le deviendrons nous par nous-mêmes, grisés par la beauté de la liberté que chaque jour nous embrassons. Si un jour un capitaine prend des allures de seigneur, il aura tout le temps de méditer son méfait, seul sur une île déserte, loin des compagnons qu'il a lui-même abandonnés. Les prétendus rois de droit divin ne sont autres que des malandrins à qui la chance a souri et permis de construire un royaume. Si notre flotte devient plus puissante que celle du Roy de France, alors celui-ci nous traitera comme les autres puissants. La seule différence viendra de sa nature de tyran, ce que jamais nous ne serons. »

« Bienvenue parmi les descendants des Frères de la Côte, à un contre cent, à un contre mille, nous vaincrons, car la liberté est notre alliée et la fraternité notre devoir. Si nous devons mourir demain, nous mourrons l'âme en paix, car si courte qu'aura été notre vie, nous, au moins, aurons vécu ! »


[FDLC2K1] - Ombres

21 mai 2005

21M Moulin

J'ai tendu l'oreille
Sur le son du Murmure
Murmure du papillon
Les ailes sont crevées
Et flotte, tel
un moulin à vent
en feu

Bien à vous mademoiselle
Mon âme est désormais vôtre.

Hervé. Pour Orane !

20 mai 2005

Vols de chiméres

laisser s'envoler
mes chiméres
qui se cachent
dans ma mémoire
qui se cache
dans ma baignoire

elles s'envolent
Haut
Oh
O
Verdure

19 mai 2005

aparthé

La charure découpée
d'une poupée indienne

toile de jutte noir et marron
Des veines de pailles

Je me souviens de ton nom
comme si c'était la derniére fois

Tribu du trésor, rappelle le chaman
je ne suis que le petit frére

Ce monde est déglingué
comme une piece de Zinc

on la martelle
jusqu'à l'aplatir !

Orane Mécand & Verdure

16 mai 2005

Douceur de pierre

L'homme a la douceur de pierre
le coeur comme une cathédrale
une dentelle de roc qui découpe
la lumiere pour faire sienne
si le temps passe dessus
pour fragmenter le passé
et rendre ruine les anciens prestiges
a jamais reste les vestiges

L'homme a la douceur de pierre
solide qui jamais ne rompt
bientot façe aux bourrasques
de ses racines ils s'arrachent

Danses avec les pierres
j'en ais fait le rêve
la cisaille du temps coupe
et se casse sur le roc
V5

11 mai 2005

Brûme

Laisse à la brume le soin de te cacher, je ne veux te voir, que sous un habit de voile, la langue pendue pour une autre vie, la séduction buccale d'un animal fait pour un autre coït.

Laisse à la brume, le soin de te cacher, et pardonne lui de te dévoiler, quand elle se léve. C'est un jeu coquin qui m'épate. Je t'aime nu, je t'aime crû.

Laisse le soin à la brûme de te masquer, ce n'est pas Venise et son carnaval, mais Paris qui m'appelle, de ces rues pleines de bruits et de mouvements. Un bateau sur le périf'.

Je laisse le soin à la brûme d'emporter mes dires. De toute façon, j'y ai laissé un part de moi - même.

La vie n'est qu'un amalgame de sentiments

09 mai 2005

la fourmillière

La grande fourmilliére est atteinte d'une maladie, ni virale, ni bactérienne - la conscience où plutôt son absence. La survie de l'espéce ne peut plus se poursuivre, semble-t-il. Sous ce faux semblant, tous les actes sont permis, jusqu'à la perte de morale, de conscience, du don de soit.
L'égoïsme s'est abattu sur la fourmilliére, rendant ses individus inaptes à l'organisation. Le chaos régne, dans une fourmilliére sous un état autoritaire, rigide.
La fourmilliére n'a plus sa raison d'être, stérile et altérée, son raisonnement est devenu incompatible avec la vie de chacun de ses citoyens, la survie.
Il reste donc à s'éloigner, faire au loin, tenter de rebattir ce qui fut, se laisser mourir, essayer de réorganiser ce tumulte - Se reveiller où être vaincu.







La grande fourmilliére attend une reine,
pour la nouvelle génération.

07 mai 2005

L'arme

Mes larmes sont africaines
Mes larmes sont cambodgiennes
Mes larmes sont juives où hérétiques
Mes larmes sont noires, comme l'arnarchia
"L'arnarchie est la forme politique du désespoir"

Ce sang noir qui coule dans mes veines,
n'a pas d'appartenance ethnique,
n'a pas d'obédience politique,
n'a finalement pas de couleur.

La ville meurt - elle créve - ses artéres sont vidées
le long des routes, les cadavres jonchent toujours,
les bas côtés.
Il ne reste que Dieu à prier, devant l'indefinissable,
même l'athée s'en remet à lui, devant les charniers :
    Pour ne pas devenir fou
    Définitivement fou.

L'homme est bon,
Pervers est son coeur !