30 novembre 2005


Pour mon anniversaire, Orane m'a demandé de mettre un petit mot sur son blog. Alors j'ai choisit un petit texte, et une photo pour non pas parler d'anniversaire mais de naissance. J'espéres que ça te conviendra Orane.
Christophe


Les Naufragés - Le merle moqueur

C'est l'histoire d'un p'tit gars
qui n'est pas comme les autres
il serait né de l'air du temps
c'est une mélopée
aux notes ensorcelées
renaissant à chaque printemps
il avait pour nourrice
le sein de la charité
le goût de la précarité
dans les longs mois d'hiver
il nichait dans les greniers
sur la paille des palefreniers

C'est le menuet du merle moqueur
un oiseau de bien charmante augure
en prélude au soleil
c'est le porte bonheur des voyoux
qui brûle la chandelle par les deux bouts
pour conjurer le sort
dans les tripots du port

il portait à sa bouche un pipeau de noisetier
qui donnait envie de danser
il jouait sur les toits et sur les rondes de nuit
les filles étaient folles de lui

Il cachait dans ses poches
une fronde avec des pierres
comme tous les garçons du quartier
et sur les barricades
elles sifflaient aux oreilles
de la garde républicaine

C'est menuet du merle moqueur
un oiseau de voluptueuse augure
en prélude à l'amour
applaudissez le maître enchanteur
les riches l'appellent fieffé voleur
pour lui tordre le cou
ça n'est pas beau du tout

C'est le menuet du merle moqueur
emporté dans les champs de l'honneur
il ne sifflera plus
n'oubliez pas le merle moqueur
souvenez-vous de sa mélodie
une petite maladie
lui a soufflé le coeur

y en a eu des pritemps
et des récoltes de sang
dans les siecles accumulés
si le ciel ne sait pas
appuyer sur la misère
c'est pour être encore plus odieux

29 novembre 2005

L'Assemblée persiste sur le "rôle positif" de la colonisation

Quand je lis ça, j'ai plus envie d'écrire de la poésie; pourtant c'etait le but de ce blog, qui dérive petit à petit... alors je laisse faire les svinkels

Svinkels


"J'reviens plus nazillard
Foutre les nazis dans un corbillard
Une chasse aux sorcière
J'renvois le FN dans des Charters
J'ai une hémoragie d'démagogie quand j'entend certaines idéologies
Il r'montent des idées héleuses comme du vomi .

Un discours au vitriole contre les idées courtes a Vitrolle
J'manquerais pas un détail contre un certain bétail
Des bétas ,
Qui perdent les boulons
De vichy jusqu'à Toulon
Faut stocker ces déchets d'n**i dans des bunkers en béton !

Crèvons l'deuxième oeil d'Le Pen pour qu'il voit moins d'arabes
Transformons nous tous en noirs
Qu'il se reveil dans son pire cauchemard
Mettons le dans des chiottes sans papier qu'il s'torche a la musulman
réhabilitons Le Pen de mort , rendont le martyre comme Jeanne d'Arc

Trève de plaisanterie dans quelle direction va la patrie
Quelle est
Cet éléctorat du 3eme type nostalgique du 3eme reich
Qui donne 30 pourcents des voix à trifouiller les oies
Là ou y'a k'des français d'souche à la noix


On a légaliser le FN dans l'sud
Comme Charles
Faut qu'on l'martèle a poitier c'est sûr
Face a ce nationalisme moi j'vois peu de civisme ...
Exemple a Toulon aux éléction y'a 50 pourcents d'abstentionisme

Une politique d'gauche
une droite qui vire vers l'extrême
Voilà les responsables et ils récoltent ce qu'ils sèment
Une classe politique pourrie fait naître un parti qui s'nourri
D'un climat moisi !
Et qui nous ramène tout droit vers Vichy !


J'ai passé des repas d'famille à entendre des infâmies
J'connais des gens qui votent a gauche mais pensent comme Mussolini
On a appeler les immigrés , on les laisse crever ...
2 générations sont nées elles auraient l'droit de s'révolter !!!"


Swinkels - Front contre Front , extrait de "Tapis rouge"

28 novembre 2005

Fleur de yeux

"Fleurs de yeux
Quel jolie nom pour un paumé !"
Les têtes Raides

27 novembre 2005

Nos députés sont en retard de 30 ans, et veulent y retourner

Voilà
http://eucd.info/index.php?2005/11/14/175-exclusif-amendement-interdisant-les-logiciels-non-equipes-de-mesures-techniques

non seuleument nos députés ont 30 ans de retard, mais en lus souhaitent y retourner. En votant une telle loi, l'avancée informatique va prendre un retard qui va passer du sérieux au tragique. Non content, que leur pays ait pris du retard.
Tandis qu'ils reflechissent à la possibilité d'une bibliothéque online, dont les employés qui scanneront les documents le fairont des Indes.. ( ????) , regarder lutot ce qu'est capable de faire des volontaires : http://archive.org

Tandis qu'aucune entreprise n'est capable avec l'aérospatiale de soumettre la moindre photos satellite, voilà ce que font les ricians : http://maps.google.com

Et voilà au lieu de promouvoir l'informatique, et notemment les projet open source, NOS DEPUTES sont incapables de comprendre quoique ce soit. Et la SACEM qui pretend défendre les artistes... appuie cette loie au nom des droits d'auteur.
Elle ne défend en fin de compte que sa propre marmitte. Incapable de comprendre que des codeurs puissent vouloir travailler en licence GNU / copywrong.

Les boules !!!! Nous sommes gouvernés par des incapbles, ça nous le savions depuis logtemps, à présent on se rend compte que même les conseillers sont des Blaireaux...

Bien ouej

26 novembre 2005

Sur le ring

"Puisqu'un jour il faut savoir le dire : BASTA ! ", disait Vérole en concert.
Pourquoi pas l'écrire, sur un ring
De toute façon, l'écrivain arrête d'écrire, et copie ta rédaction. Tu n'écriras point. Tu ne t'inspireras pas. Tu ne polémiqueras point. Comme toute les voix du silence, ta voix est tue par le parlementaire qui déjà a pris tes cordes vocales pour mieux te ligoter. Est ce qui reste encore un moyen de communiquer sans avoir à prendre les pavés, les armes.
Je doutes qu'il existe un échappatoire au fonctionnement de mutilation de la démocratie. La liberté extropiée, ses valeurs et son contenu vont au caniveau.
Et ce quinquennat commencé comme une victoire sur le socialisme, qui continue à tourner au vinaigre aprés un choix entre "Corrompu & Pourri", un refus manifeste d'adhérer à une politique européenne de la part des citoyens, risque bien de se transformer en un beau fiascot.
Un fiascot ou tout le monde sera perdant, 12 ans de perdu, pour rien. Un fiscot lourd trés lourd, pour tous et partout. Et il faudrait encore se mettre debout, ne pas fléchit, ne pas courber l'échine.
Alors il faut monter sur le ring, et continuer... Juste pour le geste. Just for Phun ;)
Hervé

Les anarchistes - Léo Ferré


Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
La plupart Espagnols allez savoir pourquoi
Faut croire qu'en Espagne on ne les comprend pas
Les anarchistes

Ils ont tout ramassé
Des Beignes et des pavés
Ils ont gueulé si fort
Qu'ils peuv'nt gueuler encor
Ils ont le coeur devant
Et leurs rêves au mitan
Et puis l'âme toute rongée
Par des foutues idées

Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
La plupart fils de rien ou bien fils de si peu
Qu'on ne les voit jamais que lorsqu'on a peur d'eux
Les anarchistes



Ils sont morts cent dix fois
Pour que dalle et pourquoi ?
Avec l'amour au poing
Sur la table ou sur rien
Avec l'air entêté
Qui fait le sang versé
Ils ont frappé si fort
Qu'ils peuv'nt frapper encor



Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
Et s'il faut commencer par les coups d'pied au cul
Faudrait pas oublier qu'ça descend dans la rue
Les anarchistes

Ils ont un drapeau noir
En berne sur l'Espoir
Et la mélancolie
Pour traîner dans la vie
Des couteaux pour trancher
Le pain de l'Amitié
Et des armes rouillées
Pour ne pas oublier

Qu'y en a pas un sur cent et qu'pourtant ils existent
Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous
Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout
Les anarchistes

http://raforum.apinc.org/album.php3?id_article=269&debut_image=1#a

25 novembre 2005

Pourquoi pas

un blog qui me plait bien, normal ses auteurs savent écrire... ;)
http://pourquoi-pas.typepad.com/

à lire donc

24 novembre 2005

ATTENTION encore une loie LIBERTICIDE


http://www.lagrosseradio.com/mag/index.php/2005/11/23/97-affaire-drm-webradios-libres-en-danger?cos=1

Affaire DRM Webradios Libres en Danger
Par Mallis, mercredi 23 novembre 2005 à 22:48 -
Actu - #97 - rss
Dans la Housse à Gratte de
mardi 22 novembre Mallis a expliqué brièvement l'affaire du projet de loi visant
à imposer l'utilisation de DRM (Digital Rights Management) qui serait une
manière de faire taire un grand nombre de webradios libres en les étouffant
financièrement.Mallis explique les DRM - Simul antenne du 22 nov 05
20H20

Llanfairpwll

Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch
non je suis sérieux en fait, ce nom correspond au nom de village le plus long...
[ Wikipédia ] [ Google maps ]

22 novembre 2005

Douce france



Il revient à ma mémoire
Des souvenirs familiers
Je revois ma blouse noire
Lorsque j'étais écolier
Sur le chemin de l'école
Je chantais à pleine voix
Des romances sans paroles
Vieilles chansons d'autrefois

{Refrain:}
Douce France
Cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance
Je t'ai gardée dans mon c?ur!
Mon village au clocher aux maisons sages
Où les enfants de mon âge
Ont partagé mon bonheur
Oui je t'aime
Et je te donne ce poème
Oui je t'aime
Dans la joie ou la douleur
Douce France
Cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance
Je t'ai gardée dans mon c?ur

2. J'ai connu des paysages
Et des soleils merveilleux
Au cours de lointains voyages
Tout là-bas sous d'autres cieux
Mais combien je leur préfère
Mon ciel bleu mon horizon
Ma grande route et ma rivière
Ma prairie et ma maison.

Douce France
Cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance
Je t'ai gardée dans mon c?ur!

De quoi sera fait demain ?

21 novembre 2005

Blueluna faisait remarqué :

Sondage AOL Info...


Citation
Que faut-il faire pour mettre
fin aux émeutes ?

47% Envoyer l'armée
16% Cesser de médiatiser les
exactions, pour éviter la surenchère
15% Instaurer un couvre-feu
13%
Faire démissionner Sarkozy
5% Envoyer des médiateurs
2% Autres
2% Il
n'y a malheureusement rien à faire
Vote(s) exprimé(s) : 54 574

Que
doit-on faire pour traiter le problème des banlieues ?

36% Renforcer les
sanctions, notamment à l'encontre des mineurs
32% Responsabiliser les
parents des fauteurs de troubles
11% Revoir entièrement la politique
d'urbanisme
9% Restaurer la police de proximité
5% Organiser un Grenelle
des cités sur l'emploi
4% Redonner plus de moyens aux associations
3%
Autres
Vote(s) exprimé(s) : 53 831

Ambiance "Hexagone"
sur Radioblog

désolé pour le pompage, mais y 'a vraiment y a à dire de plus

17 novembre 2005

Cité2France

Il existait relais et chateau de France, boulanger de France, maintenant :
Cité2France : http://cites2france.skyblog.com/

sympa comme initiative, à conserver dans un coin

16 novembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 2 Scène IX

Calmement,
J'ai entendu mon coeur s'arrêter de battre, comme le papillon stoppe le battement de ses ailes, et se laisse planer au fil du vent, le temps d'un instant.

Il traque les courants pour monter ou descendre le long des surfaces planes des nuages. J'ai moi-même sentit cette sensation vertigineuse, qui révèle votre propre être.

Loin de certaine frénésie, je me suis laissé emporté. J'ai survolé quelques instants le stress, cette terrible cancérisation qui envahit nos cités. Schmetterling était mon doux nom, imprononçable et exotique. Je naviguais outre Rhein, vers de calme contré, où l'herbe et l'ombre s'allient. Je n'étais point aigle, ni même lézard, juste un fragile insecte transportant le vent dans ses ailes et la semence fertile de l'avenir.

Mais ce papillon ne dure qu'une journée, afin de trouver un autre, pour donner d'autres confettis aux prés.

Mon coeur se remit à battre. L'iris s'ouvrit.

Lentement,
Le retour à la conscience l'est parfois pour certaines personnes. Elles parlent alors de grandes lumières blanches au bout d'un tunnel, où quelques ombres se détachent.

Pour moi, ce ne fut qu'un retour paisible, comme sur un matelas de matelot dans une piscine protégé du vent. Retour bref, comme un réveil après une nuit agitée. Savez-vous que l'oeil continue de s'agiter pendant le sommeil et ses phases où les influx nerveux continue de parcourir les nerfs, sans que les muscles réagissent à ces impulsions inopportunes.

L'oeil s'ouvre et tranche un rayon de soleil en son milieu.




Fin du deuxième cycle. Hervé

15 novembre 2005

de la mise en danger d'autrui

Je voudrais qu'on m'explique un détail, comment se fait il que depuis quelques temps, les véhicules de police s'arrête tout feu éteint sur les bandes d'arrêt d'urgence des autoroutes.
Tandis que ce lieu est d'une dangerosité extréme (moins de 30 secondes de survie pour un piéton) et qu'il s'agit d'une voie pour les arrêt en urgence, et qu'en cette période de l'année où les gens rentrant du travail, le font à la nuit tombée.
Comment se fait il que des forces de l'ordre qui sont là pour protéger leur compatriotes, se permettent non seuleument de mettre en danger autrui, mais également se mettent en danger.
La preuve s'il et besoin d'en apporter une, et le récent accident entre un de ses véhicules et un chauffard.
Merci pour vos réponses, car moi je séches.

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 2 Scene VIII

Je gardais lors de mes vagabondages intérieurs deux splendides bocaux. Ils renfermaient mes compagnons d?infortunes. Je les avais vu se baigner dans des eaux troubles, plates et amers au gout. Elles (puisque c?était de splendides femelles) se sont légèrement débattues au début, mais leur vie de prisonnière, en fin de compte, ne leur a pas déplus. Elles sont restées sagement cloîtrer dans leur prison de verre.

Ces sangsues (en effet, devenues animaux domestiques, elles montrent un caractère amical, voire presque humain, si peu qu?on les prenne pour ce qu?elles sont, c?est à dire des êtres doués de succion, fidélité et d?une affectivité caractéristique de leur espèces) montrait tant d?ingéniosité que je ne pus m?en défaire pour des animaux plus communs. Chaques jours, je les nourrissais, comme il se doit, de tendres morceaux de viandes, d?araignées, de langues et d?autres abats.

Les jours de fêtes, je laissais même leur succion me prélever quelques centilitres de sang, utile à leur bonheur. Leurs morsures savaient se faire discrète et sans cicatrices. Dans leur passion, ces sangsues montraient tant de flammes et d?ardeur qu?un seule de leur baiser sanguinolent ne me suffisait pas.

Mais les calmes amours sont parfois éphémères, aussi devais-je me séparer de ces ponctionneuses attentives, pour quelques prostitués vampiriques aux ponctions plus attractives et néanmoins buccales. Je ne verrais plus leurs lèvres germinatives se coller aux vitres de leur aquarium, ces barreaux de leur prison.

Leur tendre morsure n?effleura plus ma peau, pour me soutirer quelques écumes globuleuses.

14 novembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 2 Scene VII

Le cortège s?éloignait de la ville à pas presque fantomatiques, sortant de l?église où les gens étaient restés silencieux. Le long défilé, tout de noir vêtu, s?évanouissait dans une sorte de brouillard ; même le soleil restait froid, sans chaleur, il pleurait sans doute avec le cortège.

Marylène, cette jeune femme dans la trentaine presque achevée, était au premier rang, regardant devant elle le C25 noir, aux vitres tapissées d?un rideau rouge. Elle restait droite, se tenant accrocher à son désespoir comme à une cane ; le reflet de son visage un peu perdu était effacé dans la vitre du convoi mortuaire. Derrière elle, s?écoulait un long flot de proche, presque aussi long que les flots de larmes versées. Le temps des sanglots venait de se finir, il allait maintenant être temps de vraiment pleurer. Les cernes autour des yeux montraient que ses nuits étaient courtes. Depuis que l?être qu?elle aimait par dessus tout, était mort, elle ne pouvait ni ne pourrait dormir de tout son saoul. Le vin serait mélangé aux larmes, le diluant.

Certaines nuits, elle laissait échapper un ?il vers l?air extérieur, à travers la fenêtre ouverte et parfois convulsive :

Le lampadaire laissait échapper sa lueur qui s?évanouissait un peu au contact du
sol, se fragmentait au touché du plafond et vagabondait dans la rue et la
chambre. Le puzzle ainsi formé permettait à quelques passants, qui marchaient,
d?avoir pour fidèle compagne leurs ombres. Elle s?échappait pourtant, pour les
rejoindre au lampadaire suivant. Une silhouette se déplaçait frileusement
recouverte d?un manteau poussiéreux et d?un petit chapeau un peu gonflé, posé en
arrière et penché sur la tête de son propriétaire.


Son pas filait doucement sur le bitume, ne laissant pas de traces, sauf lorsqu?il s?aventurait dans les tas de feuilles mortes, descendues des arbres tantôt.

Le jour, des jambes rapides, et au nombre de deux finement ciselées, parcouraient d?un bout à l?autre de la ville les rues et les agences A.N.P.E. ; ces endroits qui, malgré leur nom, vous apprennent à ne plus chercher un emploi et d?attendre patiemment le fin-de-droit arriver à la maison. Lorsqu?on poursuit incertain la déchéance, le pire c?est qu?on y tombe sans jamais pouvoir se relever, mais aller dire ça aux sociétés de sondage et aux administrations sociales, si lointainement portées par leurs chiffres et leurs ordinateurs. Ils sont calmement calés dans leurs fauteuils et leur chaud bureau, en oubliant que parfois derrière les chiffres, se cachet des êtres humains doués de langages, de mobilités, d?intelligences et parfois même de qualité appréciable dans le milieu du travail, lorsqu?on ne les empêche tout bêtement pas de travailler. Bien sûr, il est facile d?oublier. mais oublier quoi, après tout ; Rien !

Marylène tâchait d?oublier ses tracas du quotidien, et surtout l?inépuisable chagrin qui la gouvernait. Elle oubliait, courait dans les rues. Elle courait à travers les ruelles, comme pour percer la ville, et en faire couler un pus jaune fétide, traduction passive de la concentration consanguine qui sévit dans nos cités. Son pied renversait quelques boites qui, vides, roulaient jusqu?à se loger dans un caniveau dans un bruit aluminium, gémissement de tambour. Ses poumons laissaient couler une sombre bouffée d?air chaud, qui partait en fumée à chaque respiration saccadée.

Elle filait entre les gens et les voitures. Ses pas longs et aériens traçaient de gigantesques aérographies, ses pieds touchaient alternativement le sol et le ciel. Elle rebondissait. Ses cheveux se levaient comme des voiles d?un navire, se gonflaient. Ses vêtements s?envolaient comme de vastes feuilles d?arbre. Ses pas longs et souples s?enchaînaient. Ses poumons brûlaient ses côtes.

Au bout de quelques kilomètres, elle était comme une vaste machine à vapeur, soufflant, crachant, lézardant le ciel de son haleine chaude. Sa sueur s?évaporait, mouillait son aîne. Quelques gouttes se laissaient prendre au vent, puis s?éparpillaient dans le flot vaste de l?air libre.
Libre.

Libre, elle se trouver enchaîner à ce maudit souvenir, à cet éc?urant passage éphémère de l?être aimé : Son fils.

13 novembre 2005

BANLIEUE ROUGE - Psaume rouge

Psaume rouge

Aux abords de la mégacité de la musique pop se trouve une périphérie banlieusarde inconnue des masses. Maquis-rock pour les déserteurs de la culture médiatique du showbiz. Une banlieue taillée par une musique contestataire au sein d'un système unidirectionnel et corrompu. Un district auquel une poignée de révoltés ont mis le feu, une zone obscure où sévissent des délinquants armés d'instruments désaccordés et d'amplis bruyants "Nous sommes le prix à payer pour une société qui n'avait prévu aucune voie nous concernant, sans se soucier d'une alternative possible!" Mais rouge est le choc, la colère, la révolte. La jeunesse libre est peinte de rouge. Du rouge de l'insoumission et de l'alternative militante



BIENVENUE EN BANLIEUE ROUGE

Ecouter le morceau : EN ATTENDANT DEMAIN Psaume Rouge+Zone interdite

12 novembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 2 Scene VI

L'homme s'approcha du groupe d'hommes et commença son apostrophe :

Mes enfants, nous mourrons chaque jour. Chaque jour, une brique s'arrache du
mur, qui formait à la fois notre cohésion et notre désir. Non que certaines
personnes s'en aillent, mais plutôt parce que notre existence est arrivé à
son terme.

L'homme s'assit sur un gros rocher, à l'ombre d'un merisier, replia ses genoux et amorça la suite de son discours :

Nous remarquons, sans rien en conclure, que tous les jours, des mots
disparaissent, des formes grammaticales et verbales dépérissent. Il n'est
cependant pas encore trop tard, sauvez-les dans vos écrits ! Et rappelez-vous
que la nature va en se compliquant non en se simplifiant. Delà viennent les
principales axiomes du groupe :

Comme s'il avait dit quelque chose d'essentiel, il s'arrêta, jugeant l'air, soupesant son degré de toxicité et son poids d'or. Le fils de sa phrase se déroula, après ce silence, de lui-même :

nous appartenons ni à un jeu, dont nous serions les pions, ni à une grossière
idiotie, (Nous aurions pu, ici utiliser le mot "Vulgaire ") qui ferait
de nous des habitants possible de quelques asiles aux conforts très
hospitaliers.

Paraphrasant ainsi le célèbre prophète des temps modernes, il pensait expliquer la nature égohystérique de la grappe de raisin nommé Humanité, qu'il avait en face de lui. Son monologue continuait, comme un souffle sur un feu, qu'on voudrait bien allumer :

Il s'agit pas de devenir démagogues, mais si notre discours peut le paraître
(Regardez bien, Il applique une clause englobante pour un discours
monolithique.) nus devons être démocrates. (vous entendez bien, nous
devons !)

Un nuage qui passait par-là, eut sitôt fait de délivrer le soleil, ce monument mobile, et laisser apparaître sous le nez du prophète en herbe, une ombre rectangulaire, en forme de moustache, un peu, je dois le dire, à la manière du "Dictateur " de Charlie Chaplin.

La grappe de raisin n'avait cessé de mûrir, se gorgeant de jus au fur et à mesure des années, mais elle a finit par pourrir, puis elle se détacha de l'arbre, tomba à terre, où on l'écrasa. Elle servit de fumier et de compost aux arbres qui entouraient aux premiers abords un simple cèpes freluquet et à peine suffisamment solide pour résister aux moindres intempéries. Il ne pouvait à peine supporter, sans se ballotter de tous côtés, le vent léger du matin. Et voilà comment on finit par s'embourber dans des thèses sans fondement.

Je finis ici ma comparaison. Mais qu'ai-je comparé ?

Hervé

11 novembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 2 Scene V

J?avais, durant mon exil, deux amants, deux amours féminins mais autant qu?on puisse le croire.

La première était une splendide blanche, aux pieds plats et très fins ; une sorte de sirène, mais elle ne chantait pas. Je l?ai partagé avec un certain compte ; Isidore de son prénom (sic). Cette femelle requin avait une peau rugueuse, sur laquelle se dressaient de multiples lames de rasoir si bien aiguisées, qu'elles fendaient l'eau, l'air et la peau des marins rescapés du naufrage d'un agrément trop fragile. Ils agrémentaient un repas réputé, déjà bien riche en apport.

Lorsque sa grande gueule s'ouvrait, se déboîtait et se refermait sur le corps du malheureux, trois légions armées jusqu'aux dents le découpaient sous une pression de trois tonnes au mètre carré, puis digéré, il était régurgité au milieu aqueux et extérieur, afin cette fois ci de nourrir d'autres poissons plus petit, quelques crustacés croustillants, auxquels il ne pourrait même pas s'échapper.

Cette splendide femelle me laissait l'entourer de mes bras et de mes jambes, la caresser. Je ne m'y coupais pas ; Nous étions de la même espèce sauvage et si naturelle. Nous étions dans ce genre de jeux, si emmêlé, que nous ne parlions pas. Nos phéromones faisaient tout, même le rapprochement, même plus.

Lorsqu'elle partait, à travers les vagues et le sang de quelques marins, pour s'échapper de la mer conjugale, berceau de notre union libre, je retournais à des eaux plus douces, où les troncs d'arbre s'emmêlaient avec l'eau comme pour relier les trois éléments appartenant aux générations futures.

En quête de nourriture, car même si j'avais perdu cette appartenance à la race humaine, je n'en devais pas moins me repaître, je découvrais souvent quelques corps d'indigènes ou d'animaux divers, gorgés d'eau et quelque peu faisandés. En fait, je l'aperçu plus tard, avec le regret d'avoir pioché dedans, que ces corps se trouvaient être le garde manger d'une splendide crocodile. Cette alligator (C'est quasiment la même chose) mesurait environ cinq mètre soixante. A l'instar de mon premier, qui avait trois rangé de dents aiguës, artifices triangulaires de la mastication, mon second amour ne possédait qu'une seule rangée de trente-deux dents et deux caries, une technique de combat et d'approche qui n'était pas moins éblouissante :

Cachée dans quelques fourrées avoisinant, son lieue de prédiction (et non de prédication, même si je peux prédire, qu'une personne remarquée par un alligator n'aura pas une destinée bien longue, vu la rapidité d'action et l'art incomparable dont est doté cet animal ci-décrit) elle admire la délicieuse tranche de viande qui vient s'abreuver à la source d'eau fraîche.

Lorsque sa proie est endormie et commence à boire, l'animal se jette à l'eau, et en deux coups de pattes, sur sa nourriture. Attrapée, l'animal fait tourner sa proie dans l'eau, jusqu'à l'étouffer et la faire tourner de l'?il. Elle se noie. Il faut s'y prendre du premier coup, et ne jamais lâcher sa proie ; bien figer ses crocs dans la chair ; trouver une bonne prise et ne plus la perdre, sinon la proie est perdue, et il est bien difficile de la rattraper.

Nos douces étreintes étaient pareilles à ces recherches de nourritures : Violentes et pleine du sang s'échappant des balafres sanguines provoquées par nos griffes tranchantes. (N'allez pas trouver paradoxe, là où il n'y a que complémentarité, cela nuirait à votre compréhension.) nous vivions dans ce vivier, plus que d'amour et d'eau fraîche, mais bien de ces nourritures gorgées d'eau, bien mûres, si mûres que la peau se détachait un peu du reste du cadavre bien cuit, preuve de notre amour, qu'on portait l'un à l'autre. Amour qui fut enterré au fur et à mesure, que nous déterrions, désensablions les garde-manger, les substances utiles à notre croissance.

Bientôt, le désir de certaines femmes d'occident eut la néfaste influence de rabattre sur nos terres et nos eaux, des embarcations et des caravanes bondées d'hommes armés, sorte de chasseurs venus pour s'approprier des peaux de sac à main malléable à souhait. Mon amour fut pris pour ce type d'objet, et je fus contraint d'abandonner sa dépouille mortelle, sans pouvoir prendre soins d'un enterrement non religieux, mais sacré tout de même. Il eut fallu que je mangeaille ma mie.

Durant des années, je parcourus les mers à la recherche du requin blanc de ma
première jeunesse. A l'odeur vaporeuse et âcre de ce sang coagulé dans l?eau,
qui s?intensifiait, je sentais bien que je m?en rapprochais.

Cette odeur suivait les courants, ainsi que les évaporations liquides échappées des corps poursuivaient les vents. Je peux dire qu?en chemin, je voyais souvent des morceaux d?anatomie, digne du "Gérard " des cours de biologie des classes de collège. À force de persévérance, je la revis nageant fièrement entre deux eaux, avec deux autres requins blancs comme elle. Moi, qui croyait les requins asociales, raison suffisante à mon amour pour elle, telle fut ma déception. Allais-je tuer les amants ?

Je fuis, à l?avance vers d?autres marches, rentrant dans les ports en recherche d?une nouvelle âme s?ur. Mais au contact des hommes, je pourrissais. Je trouvais en leur cité les pires dépravations et les maux d?esprit. Aussi au bout de quelques décennies, ai-je réappris à marcher, afin de parcourir le désert, aléatoire enchevêtrement de dune toujours en mouvement, et enchâssement de grain de sable et de mirage. Il avait l?apparence d?une chambre capitonnée. J?ai pu y voir le silence. J?ai pu y crier tout mon chagrin d?être divorcé et out mon désespoir d?être veuf et délaissé. L?écho répondait à mes plaintes, il vagissait, en attendant la nuit des Ours?

La nuit des Ours.

un apéro avec Nicolas Narkozy

10 novembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 2 Scene IV

Le moustique vint, vole à travers la pièce et de son doux grincement, heurte l?oreille de votre cher conteur. D?un coup, je tente de l?attraper, de le coincer contre le mur et de le percer de part en part, mais seule la plume heurte la pierre et la tache d?encre noire. J?ai flingué ma plume.

Excusez-moi, mais je change de stylographe, et d?une calligraphie modeste, je vais vous conter la suite de l?épopée.

Sur le crâne de certain prophète, qui de leur sophisme endorment les électeurs et la raison du siècle pour réveiller l?oraison funèbre des dictatures, poussent non des cheveux, mais des fils barbelés en acier trempé. Ce n?est point une couronne d?épine, signe emblématique du martyre, mais bien des appendices pileux d?une autre forme, qui dévoile les êtres autoritaires. Les fils sortent du crâne, y réentrant, pénètrent le cerveau et traversent les lobes de part en part, y arrachent les neurones. Ce ne sont point des antennes ; ces êtres sont des coquilles vides et sans trésors, qui restent dans une sorte de monde intérieur séparé du notre par de vastes parois uniformes et impénétrables. Ils ne mangent, ni ne digèrent rien, sauf parfois leurs barbelés qui irritent leurs gorges et leur ?sophage, détruisent une à une les dents et leur langue, cette turgescence qui permet de différencier le goût et de tirer les saveurs en plusieurs catégories (âcre, sucré, acide... par exemple.).

Lorsque les douleurs s?intensifient au c?ur du cervelet, jusqu?à en devenir intolérable, ils deviennent comme leurs tourments. On ne peut les soigner. Leur mal persiste, et pourtant, on ne peut les enfermer pour de simple raison d?infirmité physionomique, cela sera indécent et hors de propos. Nous avons d?autres morales que la leur, qui est si malléable, qui se plie aux moindres souhaits ou désirs, propre à agrémenter leur compte, leur fortune personnelle (leur destin propre); (mais peut-être pas si propre que ça).

Lorsque l?un d?entre eux meurt, telle une hydre folle ou une paramécie paramnésique, il a le temps de se diviser pour former deux entités distinctes, mais fille et mères en même temps. (Et une abréviation en filles-mères reste caractéristique de leur situation ambiguë ainsi que de leur comportement.) Il faudrait les couper toutes instantanément, pour ne point laisser de chance, à l?avenir d?en voir réapparaître sous une forme symétriquement identique.

Oublier tout cela, la démagogie n?est point une manière d?affubler les écrits. Oublions ces personnes de rescisions constantes. Il y a des gens dont rien que le fait de taire le nom, c?est déjà trop en parler !

09 novembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 2 Scene III

J?ai vu la longue fumée de diamants qui suivait la comète ; elle parcourait de droite à gauche la voûte astrale, où fleurissait quelques étoiles. Elle filait lentement.
Je paressais, regardant ce spectacle encore inconnu pour moi, aux pieds d?un quelconque sapin de jardin public, où quelques baladins s?aventuraient. Aux quatre coins s?élevaient ces horribles arbres verts qui ne cessent jamais de dévoiler leur fourrure de faux Skaï rouges, lorsque le temps se grise de tant de soleil ; Leurs ombres rectilignes suivaient trait pour trait leur silhouette effilée, genre obus de la dernière guerre, une de la prochaine à venir. Ces ombres caressaient leurs maîtres, dans quelques chaotiques hymnes à l?amour, pénétraient l?écorce dans de furieuses et convulsives jouissances, léchaient leurs pieds et leurs orteils, les etc.. elle se couchaient parfois aussi sur moi, et m?étreignaient, se hissant parfois sur mon visage, pour m?embrasser de leur inconsistance nature. (Ce geste que s?interdisent les professionnelles des guicheteries de l?amour ; il n?y a point de jeux de mots avec déchetterie, où allez vous croire ça ?)
Dans ce parc, je restais si longtemps que je voyais pousser l?herbe, et s?ouvrir les fleurs. Le bourgeon se gonfle lentement aux bouts de la pousse nouvelle, puis il se durcit (Le temps prend ce qu?il a sous la main) et enfin laisse échapper son contenu, qui s?élance, s?envole de cette cage végétale désormais ouverte. La fleur, alors, se gonfle, s?étale ; ses pétales s?ouvrent à gorges déployées, comme un membre à travers une manche après un effort sportif intense. Elles se vêtent ensuite d?un habit neuf pour l?été naissant (Les primevères font cela en hivers, et l?Edelweiss, je l?avoue je ne sais pas.)
Une jeune femme passant par là, pourra d?un geste la décrocher de la terre et l?accrocher à sa veste, en signe de coquetterie, ou bien la lancer à un cygne, qui s?ébrouait dans l?eau d?un lac, fier et blanc, seul souverain sur son royaume d?eau. Alors se lira sur ses yeux un sourire amusé et heureux, elle pourra se nicher, amoureuse, entre les bras de celui qui lui a demandé son coeur, à défaut de sa main.
- Le mariage est mort, Vive l?union libre, lance un eunuque jaloux, qui passait proche d?eux, derrière le mur d?un harem.
La fleur, signe de coquetterie ou coquetterie du cygne, reste épanouit sur ces fourrures, sorte de seconde peau. Le coq rit à ces plaisanteries digne du plus idiot singe.
Allongé sur l?herbe, je regarde défiler les amants, (bientôt ils se défileront). Je les entends marcher sur les graviers, leurs pas se rapprochent lentement, comme sur un tapis de velours et de satin. Ils traversent parfois un rayon de soleil ou une tache d?ombre, et leurs visages ne changent pas, ils restent toujours aussi émerveillés.
Le soir, quand tout est à nouveau calme, j?aime y revenir et regarder ma comète ; souvent elle ne revient pas, alors je prends une cigarette du paquet. Elle glisse entre mes doigts. Je la pose entre mes lèvres (elle y reste longtemps sans feu) j?allume l?allumette tendrement camouflée entre mes mains. Je jette le bout de bois éteint, et j?aspire ma première bouffée qui me brûle un peu la gorge, jusqu?à en avoir les larmes à l??il.
Et quand le soir s?éteint, les lumières de la ville réapparaissent, toujours plus voilée que le jour précédent, et se propagent à travers les quartiers, cercles concentriques qui s?éloignent de plus en plus du centre. Elle force les ombres à s?échapper de l?entonnoir, jusqu?au désert, où les routes se liquéfient dans le sable. Elles s?échappent toujours plus, puis rejoignent souvent les routes de campagnes et les autoroutes mal éclairées, sillonnés par des voitures fantômes lesquels filent sans laisser de traces, sans faire de bruit, emportant juste des morceaux de brume dans leurs pare-chocs, ou des gouttes de sang du dernier piéton écrasé.

08 novembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 2 Scene II

Il faut parfois faire l?éloge de certaine personne. J?ai longuement repensé à ce père de famille, parti en mer, alors que sa femme était morte, laissant à terre, dans un pensionnat ou une famille chargée de la gardée, sa fille à peine adolescente. Il écrivait si souvent des lettres, qu?il paraissait l?aimer, et ?uvrer pour son bien.

Je vais vous retranscrire une de ces preuves d?amour.

Ma fille
Je t?écris à présent du pont du "Saint Jérôme" Je suis marin le temps d?une traversée, pour te rapporter du bout du monde des colliers, des pierres dont tu ne soupçonnais pas l?existence, moi non plus d?ailleurs, et des histoires comme tu les aimes tant.

Tel que j?ai commencé la lettre, ce n?est pas tout à fait vrai. En fait je suis assis à une terrasse de café, pour ma première libération. Ca fait du bien de se retrouver sur la terre ferme, le temps d?une pause, et ne plus avoir la mer qui te balance ou la voir frapper la coque du bateau, comme un forgeron cogne son enclume pour l?aplatir.

Je dois l?avouer, la mer me remonte sur l?estomac, elle le vide presque à chaque fois que je le monte dessus. C?est presque une cheval sauvage qu?on essaye de monter à cru. Elle bouge, remue et rue, jusqu?à ce que tu ne puisses plus rester dessus serein. Elle te frappe, te soulève, te remue dans tous les sens, afin de te sonner. Et là, elle t?achève, je t?assures Sylvie ; je pense que tu serais presque contente d?être avec moi, cela t?éloignerait sûrement un peu des souvenirs de ta mère. Et ici, tu aurais l?impression d?être sur ton animal préféré.

Mais, j?espère de tout mon c?ur, que tu ne viendras pas sur ce bateau. Pour une femme, ce n?est de tout repos, et pour toi, qui est encore si jeune, tu ne trouverais ici que le funeste relent mâle, qui pince les fesses des jeunes filles, pour voir si ils peuvent aller plus loin, si elle en pincent pour un marin comme nous. Cela m?éc?ure souvent, m?amuse parfois, mais je t?assure que sans arrêt j?ai ton visage et ton nom comme morale. Je ne ferai jamais devant toi, ce que je fais ici. L?effet de groupe est vraiment une chose immonde. Un homme dans une société d?hommes perd tout ce qui le rend désirable. Sans femme, sans sa (ses) compagnes, il est privé de toutes les raisons de vivre ; il se laisse aller à la pire dépravation.

Le tableau de ce bateau ne doit pas te sembler si noir ; j?y gagne de quoi te nourrir, te payer ton école et te rapporter ces souvenirs, comme jamais aucun père ne pourrait le faire.

07 novembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 2 Scene I

Me voici prêt pour la seconde partie de mon épopée, aussi vais-je m?y mettre sans plus attendre, peut-être lentement, ou alors rapidement, qui sait ?

J?ai longtemps voyagé en train, afin de travailler, ou juste voir du pays. Les voyages pouvaient durer plusieurs heures, mais ils n'étaient jamais ennuyeux, du moment où on a un livre à lire, de la musique à écouter, ou une jeune femme à regarder en douce mais attentivement.

Le train s?approcha lentement de la gare et de son quai, long comme une rade, qui étaient tout deux éclairés par quelques lampadaires pendus dans le ciel, dont la lumière diffusait et se répandait sur le sol parmi ceux qui attendaient le train.

Lorsqu?il s?arrêta, par à coup, comme un paraplégique lors d?une crise de comitialité, la foule s?entassa prés des portes, prête à monter dans le wagon déjà bombé. Presque mécaniquement, les pas se rapprochaient, empressés, des marches métalliques de la plate-forme de la voiture, dans un bruit d?acier. Puis, ils s?approchaient hâtivement des sièges jaune orange, presque usés.

Toute habillée de noire, avec une écharpe rouge qui entourait son cou, Elle s?approcha lentement, après tout le monde ; elle semblait un peu rêveuse, la passagère du banc d?en face ; seules ses mains qui portaient des gants blancs et fins bougeaient de temps en temps : elle croisait et décroisait ses doigts effilés au rythme de son sommeil interne. Une petite mèche de cheveux, qui reflétait la lueur, léchait son visage, ses lèvres dont la serrure était fermée, puis ses yeux dont les secrets étaient gardés. Elle paraissait avoir un regard froid, et une sorte d?attitude qui dépareillait avec celle des autres occupants du wagon.

Un rictus aux lèvres les soulevait et laissait apparaître un petit sourire, peut-être involontaire presque narquois. Sa petite main faite de céramique ou de cire blanche crémeuse, fondue pour des cierges, telle celle des poupées anciennes, passait de temps à autre dans ses cheveux, et venait perturber les éclairs présents dans les sillons capillicoles.

Au rythme de la rame, tout son corps semblait ballotter, tremblait comme celui d?un épileptique touché par une de ces crises, qui laisse pour mort ceux qu?y l?ont, et effrayent ceux qu?y ne savent pas, ce qu?il se passe, et venait heurter de son duffle-coat bleu marine presque noir, les plaques de plastique du train, ou la vitre, selon le mouvement aléatoire de la masse d?eau interne.

Le train s?approchait lentement de la gare Saint-Lazare, et freinait de peur d?y entrer, sans pouvoir s?en sortir : une taupe devant un terrier enfumé. Lors du flot aqueux descendant du train, je la perdis de vue, même si elle avait été qu?un court instant, une création de ma vue perturbée, et de ma plume. Il me reste parfois dans le métro, un petit reste de parfum, preuve que l?odorat garde aussi bien, si ce n?est mieux le souvenir d?une femme.

Ses genoux la soulevèrent tremblants, au sortir d?un rêve, happés par une vaine sortie dans la réalité. Même si ma plume, au contraire de mes yeux, ne l?a pas assez détaillée, demain, une autre inconnue viendra, le cours d?un instant, peupler mon rêve de sa présence et de tout ce que mon imagination peut bien en faire.

Mais les soubresauts du train me montrent les varices qui lézardent des jambes graisseuses des secrétaires de carrières obèses. Ces mortadelles ficelées dans leurs habits de travail, se balançant comme un jambon à son crochet. A cette vue, je me hâte de reprendre un livre, ou de pencher ma tête à une fenêtre noircie, afin de penser à la passagère du banc d?en face.

06 novembre 2005

Beru - petit agité

Petit Agité
Une banlieue maudite
En zone interdite
Une armée de flics
Marqués par la haine
Les jeunes se dechaînent
On en a rien à perdre
Les bagnoles crâment
La zone est en flâme
Et la folie gagne
Les gamins rebelles
Brûlent des poubelles
Ce soir c'est la fête

Petit Agité
Tous des Béruriers
Petit Bérurier
Tous des Agités

Viens voir comm'il fait chaud
Les caisses font des tonneaux
C'est le grand rodéo
Sous une tête-cagoule
T'as perdu la boule
Et le monde s'écroule
La cité des barjots
Quartier des Agités
Commando Bérurier
Tu avances masqué
Dans le noir sans papier
Commando Bérurier

Tous des agités
Tous des agités
Tous des agités
Tous des agités

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 1 Scène VI


A décrire Nuages, Lézards, Hommes, moi et vents, me voici quelque peu fatigué, aussi, vais-je laisser là mon oeuvre et continuer plus tard, afin de reposer mon inspiration tordue et inconstante. Je vais reposer ma pauvre cervelle assaillie par mille pensées, par une gangrène aiguë Aurez-vous la patience d'attendre que je me remette à écrire. Lecteurs, tu es comme le vent, tu tournes, poursuivant le regard de la girouette.

Me voici au seuil du deuxième terrible acte. Je suis impatient (qui ne le serait pas ?) de savoir ce qu'il pourra bien y avoir.

Mon esprit fantasque espère peut-être y trouver de nouvelles composantes pour rêver. Le sommeil soudain me prend, le vent m'enlève :

" père, mère, j'ai peur, le roi veut me prendre... " Pourrais-je peut être m'écrier, mais rien, je n'en ai ni la force, ni la foi."

Hervé - Les souvenirs d'Isidor Ducasse -

Les Chants de Maldoror peuvent aussi être téléchargés en version PDF.

05 novembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 1 Scene V

J?ai entendu le lent glissement des nuages sur le tapis des cimes des cyprès. Il était presque inaudible, comme cloîtrer dans une camisole de force, de feutre jaune et blanc. Ce frôlement était malgré tout vert, je le répète, il était vert, tâchant parfois les eaux de son encre volatile, et pourtant indélébile.

Les nuages venaient de l?Est et iraient mourir à l?Ouest dans un dernier craquement pluvieux ; entendez par là un orage. Ils accompagnaient en chemin, quelques volatiles immigrants vers d?autres contrées, plus appropriés à leur mode de vie, mais surtout, il faut bien l?avouer, riche en aliments fortificateurs. Ils s?approchaient du soleil à vols lents et aérés. En triangle, ou en une toute autre figure géométrique, les volailles se regroupaient, pour traverser des régions entières sans s?y poser. Ils n?échappaient pas aux clameurs des chasseurs, qui de leurs fusils, tentaient de les rejoindre. En fait ce sont les oiseaux touchés qui tombent pour les atteindre. Il en va de même pour tout ceux qui sont trop haut pour apercevoir les êtres mouvants au-dessous d?eux.

J?ai entendu le vent soupirer ; un lézard l?ayant également perçu, lâcha le morceaux de soleil qu?il tenait au chaud sur ses écailles, pour se faufiler entre deux cailloux instables d?un mur délabré ; les pierres s?effritaient et tombaient au bas du mur dans un bruit sourd et mûr pour effrayer la chouette effraie.

Avant de sortir de son austère caverne, il sortit sa langue en deux coups brefs, afin de sentir l?air extérieur et connaître le moment propice à une paisible et possible sortie. Ainsi, satisfait par le calme ambiant, comme tout solitaire, il dégage sa tête d?entre les pierres et regarde, en tournant la tête dans tous les sens. Il n?y a personne. Il avance alors une partie de son corps, recommence à humer l?air, continue à agiter sa tête, recommence , et finalement sort entièrement de son trou. Il n?a pas oublié qu?il était le jouet d?enfant assassin par décision divine de temps jadis. Alors, il reste inquiet, aux aguets, pour sauver sa peau froide. Ceci est le long résultat d?apprentissage transmis de génération à génération, à travers les lustres. Le zoologiste averti appellerait ça peut être l?instinct animal. Je préfère ne pas y penser.

Il n?en demeure pas moins, que les lézards traversent les nuages de leurs langues.

04 novembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 1 Scene IV

Certains lecteurs aigris de ne pouvoir écrire, veulent à tout prix connaître la manière d?écrire et de vivre, la condition sociale de son aimable conteur. Ces lecteurs, qui se reconnaîtront à n?en point douter, heureux -(Ils ne peuvent pas avoir, après tout, toutes les tares du monde)- vont être aimablement aidé dans leurs désirs, par cette strophe, que je proclamerai d?ici quelques instants. Je nourrirais leurs odieux aphtes.

J?écris ces lignes est dans une petite salle, d?environ 30 à 60 mètres carrés, avec une table en bois ancien, de laquelle sortent les clous qui attachaient naguère le plateau aux pieds sinueux, dans lesquels sont gravés des chiffres presque ésotériques, signalant la date de fabrication et de préemption du bois, ainsi que le passage des différentes personnes. La table en question soutient quelques feuilles, des stylos, un bloc-notes bleu et une calculatrice électronique (220 V alternatif) avec une imprimante qui note systématiquement en bichromie les chiffres qu?on frappe, se trouve à droite, tandis qu?à gauche sont posés des classeurs à archives contenant le budget de l?année 1996, des litres de chiffres à rendre ivre le plus sobre comptable, et qui mieux que le bon vin me saoul. J?aime bien les chiffres, mais pas ceux là.

La chaise un peu vieillotte et peu confortable a soutenu, il n?y a pas si longtemps, le fessier bien dodu de la secrétaire. Je la remplace. Elle tiendra bien le coup.

Derrière moi se découpe un hôpital à l?accueil hospitalier, dans les petits carreaux carrés de la grande fenêtre. Le ciel cache bizarrement les toits des bâtiments loin d?être hospitaliers, qui se reflètent sur une table de dissection en étain massif, aux pieds larges comme des troncs d?Urbaum. Le reflet est rouge au touché de l?étain gris. En fait nous sommes dans une officine pharmaceutique. Priez de ne pas y entrer, même après avoir sonné ! Vous pourriez perturber ma méditation. L?ensemble du bâtiment se dentelle dans les déchirures de bistouri du billard. Les morceaux s?éparpillent, captant l?angoisse de ces pensionnaires blessés par la guerre. Nombreux gisent dans les souvenirs, d?autres fiers ne vivent que dans leurs glorieux faits de guerre. Les médailles sont là pour leur rappeler, qu?un corps percé par une balle gît encore à côté d?eux.

Voilà, lecteur, es-tu ravi de savoir où je suis pour te dénoncer ces modestes pages. Reste encore un peu, de manière à goutter mes paroles, ce miel où viennent s?abreuver les défauts humains, et aussi, mais facultativement, leurs qualités. Ne serait-ce qu?un instant, puisque tu parais déçu, je me relance.

Là où je me retire pour faire les corrections, est une pièce de 20 à 30 mètres carrés, où s?alignent et se chevauchent de nombreux livres arborant fièrement leurs titres et auteurs sur la tranche. La table et la chaise semble plus modeste. Aux murs s?accolent de nombreuses images et portraits, afin de me divertir l??il dans mes minutes de rêveries.

Je peux paraître méprisant à travers ces lignes, pour toi lecteur qui tente vainement de déchiffrer mon âme, mais je ne peux me lasser de gravir toujours plus haut les montagnes de la solitude et du selbstüberwindung . Me croyez-vous si médiocre pour me plonger dans la béate habitude de la ritournelle quotidienne.

Point final et cela sera tout pour aujourd?hui.

03 novembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 1 Scene III

Après ces deux longues strophes, je retournais dans mon jardin, cueillir romarins et bulles de souvenirs errantes.

Le sapin voyait sa fin venir, même si elle ne pouvait pas laisser présager sa rapidité, ni même sa méthode particulièrement éprouvante pour ses proches, et cette condition n'est pas réellement valable, ni validé, dans les formes actuellement admises par la grammaire " Orthodidacte " .

Ces épines étaient encore vertes et belles et bien attachées aux branches comme des ongles aux doigts d?un ornicophage , comme un mouton dans les serres d?un aigle, comme la terre dans les mains d?un serf, ou plus communément, comme un cerf dans la ligne de mire d?un chasseur. D?un trait, d?un simple mais terrible...
- Pas pour nous, mais pour ce malheureux et verdoyant conifères
... trait, il fut arraché de la terre, séparé de sa matrice , mamelles maternelles, pour mourir auprès de son unique père, un vieux phanérogame de luxe comme lui, dont on fait des bières de qualité, voir de luxe, carrées, décorées et dorées à souhait, avec deux poignées sur les côtés, pour qu?on puisse la prendre, la vider et l?oublier.

On n?y pense pas assez, et quand on est comme le fils, frais et sain, mais quand on est comme le père, on s?y retrouve sans y avoir plus de pensées, en espérant juste un peu pouvoir y échapper, ne pas avoir à y aller. Mais il faut bien que vieillesse se passe, et que jeunesse se meurt. A bon entendeur !

On peut parfois tout repousser, mais jamais perpétuellement. Bien dommage, n?est-ce pas ! Cela n?a pas vraiment d?importance, et lorsqu?on est comme moi, certain de produire quelques pages destinées à une éternité, qui ne vous oubliera peut-être pas - Permettez-moi d?en douter, puisque je suis à cette place, encore un peu précaire mais tout de même pleine d?espérance.

L??uvre du gymnosperme est un tombeau, à l'image, je suis ce qu?il y a dedans -(Il ne faut pas m?en vouloir, je suis comte depuis un siècle, après tout)-, mais restant en vie, malgré tous les déboires que cela peu bien occasionner.

Memento, homo, quia pulvis es et in pulverem reverteris.

Cette strophe ne pouvant pas se terminer de cette manière, et ma plume n?étant pas bouché, je m?en vais vous parler du vent, qui secoue les épines et les étamines chargées de la poudre jaunes des pépinières, ces chaudes pouponnières arborées.

Avez-vous entendu le vent, parler du parler ; parler le vent dans les branches des pins ? Je vais certainement vous en parler comme jamais vous ne l?avez entendu.

D?abord, et signalons-le, il ne mord pas le fer de ces crocs glacés, pour y laisser de larges creux, mimétismes de sa denture, non, il le caresse jusqu?à l?usure. Sa douce main balaie sa fourrure gelée aux aspects et reflets bleutés, jusqu?à le remodeler comme un vulgaire morceau d?argile. Sa longue cape tisse les cheveux, pour en faire des volants filant à tout vent. Il agite les jupes des jeunes filles, les effraie un peu en les poursuivant nonchalant, comme un amant trop fier et trop sûr de lui-même, un amant trop pressé d?en finir avec la phase numéro 1.

Il les embrasse, en leur caressant leurs jambes dénudées, remonte presque là où ma description se doit de s?arrêter, pour ne pas offusquer les groupuscules fanatiques de la pudibonderie exagérée (et c?est un utile pléonasme.) Il joue avec leurs cheveux, leurs jupes, leur... Le vent, c?est sensuel.

Il lape dans les lacs, des flaques d?eau, de quoi se réhydrater, puis il s?égoutte en mouillant la plage, et parfois il emmène plus loin encore son breuvage. Et tel un coureur invétéré, il s?enfuit, ne laissant même pas son ombre derrière lui, pour se cacher, voir garder sa fuite.

Et quand le citadin avale ce curieux aliment sans saveur - quoi que cela puisse être contredit :

Le vent a parfois une saveur âcre de fumée de cigarette, d?usine ou de train et de gare, et même parfois, le goût doux d?un parfum - , sans constitution, il lâche une toux rauque pleine d'expectorations jaunâtres. Il recrache cet amas infectieux hors de ses poumons. Mais il ne se doute pas que dans son calme bureau, où le moniteur d?ordinateur et le néon pendu au plafond l?éclairent d?une pâle lueur, l?air distillé et conditionné se referme sur lui, comme dans une boite de conserve stérilisée arrivant à la date de préemption, laissant s?échapper des hordes de Legionella, et d?autres agents pathogènes rendant mortel le plus commun des vivants. Mais la viande, ainsi gardée des injures du temps dans cette fausse stérilisation, ne subsiste parfois même pas. elle se recroqueville puis de dessèche ; elle s?aigrit. Les rides apparaissent puis se durcissent.

Cette vieillesse s?allie au temps, et nous alite, rendant parfois vivant le plus commun mortel.

Voilà, la nature a été élue seul sujet durant cette stance. Je m?arrête et vais uriner.

02 novembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 1 Scene II


Et pourtant, fatigué, et l??il éteint, ma pensée ne pouvait que se reposer. La télévision, éternelle orgie d?images, pantagruélique dévoreuse de cervelles, gargantuesque rongeur, brillait de sa céleste voûte, m?assommait de son festin, m?assenait jusqu?à la nausée.

Un cheval presque cadavérique posa son sabot crotté et en putréfaction sur le courant d?air créé par sa queue virevoltante, tournoyante comme des plumes de casoar, cette fausse fourrure d?oiseau raté. Son maigre cavalier subissait, à l?étroit sur sa selle, les sursauts de sa monture, en se balançant de droite à gauche, suivant le rythme effréné du pas chaotique de son étalon aux cents sangs mêlés. Ce bâtard avait longuement parcouru les sentiers et les courts chemins de terre battue, pour voir du paysage et quelques villages.

Son membre glorieux connaissait ainsi de multiples compagnes plus ou moins consentantes, qui se conduisait sur la paille, en véritable pouliche. Mais cela n?aurait guère de liens avec notre récit, si votre humble serviteur se mettait à vous décrire ces actes peu glorieux de l?histoire.

Le cheval, disais-je, posait son sabot sur quelques crânes tombés du cou des combattants - soldats (je vous en prie, sans jeu de mots) , qui vivaient encore quelques temps avant leur mort, et pouvant, dans cet état préliminaire , espérer vivre jusqu?à plus soif, et Dieu sait combien les soldats boivent ! De toute façon, ils n?ont que ça à faire dans l?enfer silencieux des casernes gouvernées par des gueux, bâties pour des sots.

Le cheval ainsi n?était autre qu?un puissant rugissement, un soupir sortit de la gaine du temps, la bajoue de votre présence, le silence de votre rêve.

Et son cavalier ?

Son cavalier se serait plutôt un vague fantôme de vos ombres stériles et hermétiques, ou plus précisément une table, une chaise et un plancher soutenant le tout à deux mètres au-dessus du sol, qui se trouve à 20 miles lieux sur les terres, au-dessus d?un niveau de la mer, qui lui-même représente, et on ne sait ni comment, ni pourquoi, le niveau zéro de la géologie.

Une pièce de rêve, une pièce élégamment rare ! ! !

Un morceau de choix, pour ce cheval, doué de l?extraordinaire pouvoir de vivre !

Te serais-tu assoupi, Ô ! nébuleux lecteur, devant cette fresque télévisuelle ? J'espère une réponse négative sinon il te sera nécessaire de recommencer depuis le début cette stance, oh combien amusante et élégiaque, digne d?un fabuleux écclésiasque, sans fausse modestie ni comparaison faussée par ces vers formés d?hexamètres et de pentamètres alternés. Cette alternance me plaît et me suffit.

Le mouchoir sur la bouche, pour ne pas avaler la poussière soulevée par les sabots du cheval du devant, et du Lieutenant, il parlait tout de même pour lancer des ordres et des injures aux autres hommes du groupe. C?est généralement donné à tous de donner des ordres, mais ceux qui aiment les faire exécuter sont de braves et gentils petits acariens sans importance, qui trouvent dans cet acte un moyen de se donner consistance et grandeur devant les chaussures, qui les écrasent. Il connaissait donc, puisque je me suis éloigné du texte, les voies pratiquées et praticables.

Jack, c?est son nom, était de ceux, qui étaient les plus vieux, et qui parcouraient depuis le plus de temps, ces terrains presque à l?abandon, en friche. Le vent y soulevait, à chaque fois qu?un fer frappait le sol, une pelletée de sable gris qui brûlait les yeux, brouillait la vue. Les grains de sable se mêlaient la sueur, pour en former une sorte de croûte qui teintait et solidifiait les habits. Les habits des hommes en étaient poussiéreux blanchis, comme un mur passé à la chaux. Le soleil se reflétait, se tordait, se tendait, et jusqu?aux bouts de ses doigts brûlants grillait les yeux, tannait les peaux et pénétrait par les pores de l?épiderme, pour en faire sortir un liquide saumâtre : La sueur. Pour se cacher de cet ennemi, les hommes portaient un chapeau de feutre noir, aux longs bords presque plongeants ; il les cachait et les protégeait. En cas de besoin, il pouvait également leur servir de bol pour boire, de serviette pour s?essuyer après les mains. Il était leur seule couverture, le soir après la veillée, après les chants accompagnés par une guitare, un banjo, ou plus rarement un violon.

Laissant les bêtes, ils accompagnaient les étoiles le temps d?une nuit courte, jusqu?au lendemain matin, où il faudrait se lever. Prenant leur courage à deux mains, puis le chemin, il montait sur leurs montures, les yeux cernés et fatigués, sans mot dire. Les sabots squelettiques continueraient à s?enfoncer dans le sable soulevé par le vent et la queue de l?hipparion fidèle, hésitant à chaque pas, pour ne pas tomber dans un trou caché. La nuit s?envolerait, laissant place au jour, au vent et au soleil.

Clic, J?éteignais la télévision, fidèle image de l?expression cercopithèque de l?homme actuel.

01 novembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 1 Scene 1


Scribitur ad narrandum,
non ad probandum.

Je ne vais pas commencer à discourir sur les corbeaux et leurs métamorphoses, qui frisent les métaphores ou de leurs ailes, qui frôlent les lourds pavés neigeux, ces nuages veinés par de fins lits ensoleillés ; pourtant, le début ne fut pas exactement celui que je pensais :

" Un homme court dans le sable, où se suivent ses pas serrés par une course lente. " Mais où va réellement cet homme ? Nous ne le savons pas. Nous ne pouvons, ni ne pourrons le savoir, si nous n'avons pas son but entre les mains, pour le lire, le décrire, le dévoiler, et enfin détruire cette vague espérance de vie qui passe comme un éclair dans le grand livre aux lettres dissoutes des présents sur le globe bleu.

Mon discours s'arrêtera-là pour cet homme qui n'a vraisemblablement pas le pouvoir de survivre à lui-même - par un quelconque enfantement - ni de produire un héritier, cette source d'aide pour la vieillesse. Il restera, investi par un travail sans effort et sans avenir, dans un bureau aux peintures rutilantes et murales - de morves liquides, de croûtes cloacales - où des rayons se heurtent les uns aux autres pour enfin tacher le sol d'une fugace lueur, comme un bureautier anéanti par une véritable lettre de licenciement licencieuse, écrite par une personne qui ne l'ayant jamais vu, ni dit : " bonjour ", n'a même pas l'horrible angoisse de détruire un être vivant.

Enfin licencié par un état hors norme, il peut se vendre à d'autres selon le désir des plus offrants et le plaisir de ceux qui passent - fiers, repus de leurs repas trop riches en calories ainsi qu'en graisse et gavés comme pour un repas dans une basse-cour d'un couple d'éleveurs d'oie - devant les vitrines éblouissantes des A.N.P.E. dans leurs manteaux ouatés de doux silences discrets mais interrogatifs (Mais qui sont ces êtres ?). Dans nos sociétés, nous appelons ordinairement cet acte " Prostitution " ; même si cela n'a rien à voir avec ce travail exclusivement féminin et enfantin, gouverné par de mâles désirs et profits ; mais ici, et uniquement dans ce cas, il sera appelé " Marché du travail ". Allez comprendre quelque chose !

Je fais parti du siège où siègent de grands, gros, gras / placides et amorphes amiraux, patrons et politicards en toc qui cherchent leurs claques. Mais qui n'est pas comme moi, écrasé par tous ces cadres au service d'une institution ?

L'état majeur de notre existence n'a pas de création vraiment flagrante, sinon l'irrespect, que nous avons pour nous-mêmes. Donnez-lui votre sang, il prendra votre coeur, et enfin vous prendrez soin de lui, tandis que lui prendra sang à vous. Tout se recoupe dans la pièce circulaire de nos actes.

C'est avec cet état d'esprit lugubre, moi Isidore Ducasse dit Comte de Lautre amont, fidèle serviteur de Maldoror, que je parvenais en haut des marches d'une caserne désaffectée où se réunissaient quelques Guides de l'urbanisme sauvage, ces professionnels de la dégradation mentale la plus élémentaire. La folie n'était pas loin, les aides hospitalières non plus. Ici, il était clair, qu'à Noël on m'offrirait une camisole de force toute neuve, pour calmer mon ennui et mon envie de solitude. Il faudra bien que j'abandonne toute idée de liberté il faudra que ce mot disparaisse de mon vocabulaire, sans quoi je resterai un simple marginal composté en cours de validité.

N'allez pas croire, chers Lecteurs, que je cherche à vous endormir par mes mots, ni même à vous donner le vertige par des phrases longues, alambiquées, peut-être creuses et pourtant...

Hervé - Les souvenirs d'Isidor Ducasse



[Le compte de Lautreamont - Les chants de Maldoror]