17 décembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 4 Scene V

J'ai semé dans les familles, cher lecteur, le désordre, l'inceste et le fratricide, donnant à chaque mains, l'arme qu'elle avait besoin. Cela ne s'est jamais retourné contre moi ; ma famille était morte. Les balles étaient blanches et restaient de marbre devant les percussions de l'assassinat.

J'ai traversé Anogre, Noutlo, Tovillers pour y faire pousser la négation de l'être humain.

Les portes s'ouvraient sur les jambes ouvertes des jeunes filles, laissant la lumière du couloir éclairer d'une raie, la chambre. La peur pouvait se lire sur les visages, lorsqu'elles voyaient s'avancer une armée de cent mille hommes, l'arme à la main. Mais elles se volatilisaient pour se coller sur le second visage, celui qui entrait, fier et sûr de lui-même. Ne pouvant la sauver, il venait l'achever.

Mais lorsque sa venue était reportée par son décès prématuré, le bonheur se lisait dans tous les visages. Celui de perdre l'innocence d'une manière étrange, et celui d'assouvir enfin une envie qui tenaillait l'estomac depuis tant d'année. Il faut dire qu'une traversée du désert apporte la bienheureuse abstinence qui manque à tout homme.

Alors des lèvres s'ouvrent et lancent :
" Père, vous en premier. Je fus le fruit de vos entrailles, et je veux que le fruit de mes entrailles fut de vous ! "

Alors la divine patience, qui durant tant d'année avait lié ces hommes, éclatait pour laisser place à une satanique orgie de fruit rouge.
Les couteaux ne restaient plus dans les tiroirs des meubles de cuisines. Ils étaient sortis de leurs écrins pour être affûté. L'huile de coude rendait à ces outils, la splendeur des jours passés. Les fils étaient brillants, tandis que les hommes étaient éméchés.

Nonchalant, ils allaient se planter entre les épaules douces des amis d'antan, des ennemis d'hier, des amants de demain. Les lacs de la saint Barthélemy s'arrondissaient au fur et à mesure que les lois s'écrivaient sur des vélins, avec des plumes baignées dans tout ce sang versé.
Et vice et versa, les rues lâchaient des odeurs de victimes, qui montaient aux narines des complices.

Toute l'horreur ainsi disséminée noyait le bonheur et l'innocence. Ce chaos généralisé avait cependant laissé quelques hommes encore dignes. Mais ils étaient rares et forts de caractères. Peu d'hommes politiques, à vrai dire.

Parmi eux se démarquait Isabeau. La tendresse de son visage et la noblesse de son âme faisaient de lui le plus insouciant des hommes. Né pour être libre et vivant, sa seule puissance était donc son refus catégorique de porter une arme sur quiconque, encore moins la main.

On ne pouvait en dire autant de son frère aîné, qui un jour de fête, avait tué sa mère en l'étranglant avec une ceinture, pour violer son père. Une telle dégradation de l'homme avait réussi à scandaliser l'opinion de l'époque. Ce n'est pas qu'un meurtre et un viol parvenaient à peiner la société en ce temps-là, mais quand même, il faut suivre les lois de la nature.

Non, Isabeau avait entouré sa mère de ses plus francs attendrissements, et adoucit les douleurs endurées par son père.

La simple énumération heurte mon imaginaire. Il ne peut y avoir de lobbies dont la principale activité est le dénigrement de l'être humain, le meurtre comme base de la manière de vire, et le viol comme hobbies dominicaux.
Ceux qui se font protecteurs de telles pensées ne peuvent être considérés que comme des fruits pourris de l'aliénation. Il ne faut pas croire qu'en Arogne, tovilers et Noulto, pays de la décadence, les gens soient heureux. Leur aliénation leur fait oublier leur situation.
Et ceux, qui laissent germer l'espoir à un retour à la paix, sont aussitôt passés pour fous et blasphémateurs. On ne peut s'opposer au chef suprême de ces états de faits.

Que dieu fasse qu'un jour, le sang séché soit laver. Sinon qu'il aille au Diable !!!

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