J'étais là, transie de peur et de froid, assise sur une petite meule de paille ou plus exactement un petit tas de paille. La grange était perdue en montagne. J'avais eue besoin de m'éloigner du monde et maintenant, j'eusse aimé ne pas être là.
Partie à sept heures de Paris et du matin, j'avais retrouvé les montagnes bleutées de mon enfance, le petit village silencieux au fond d'un puits cerclé de hautes cimes. En hivers, les pentes étaient blanchies ; mais l'été, ce qui avait été splendide devenait monstrueux : Des rails de terres battues, limées, frottées. Il ne restait alors aucune pousse d'herbes pour masquer cette immonde traînée brune.
Je ne venais ici qu'en hivers ou en automne. Derrière les planches détachées, j'aperçois un petit sapin aux aiguilles longues et vertes. Il se tient droit, la tête, parfois courbée par le vent, ne s'inclinait jamais vraiment. Il me réconfortait car il était le seul être à se tenir verticalement depuis ce matin.
En partant sur le chemin, j'avais aperçue quelques écureuils, curieux pelages furtifs, qui s'enfuirent dans les branches, ainsi que deux ou trois lièvres qui, à ma vue, se cachaient dans un terrier aménagé, ou se remettaient à sautiller ondulant entre les pousses et les arbustes. Tous ces spectacles étaient bons à la méditation, et j'avais bien besoin. La campagne est toujours un lieu de ressource pour moi, un peu comme d'autre vont aux pèlerinages. Mais j'avais oublié, qu'elle pouvait être, également instable. Et qu'un brusque changement de temps pouvait vous laisser sans aide et seule.
Bien sûr j'étais seule, mais j'avais la chance d'avoir cette grange aux murs délabrés. Elle paraissait être un abri bien illusoire face à l'intempérie qui dardait à l'horizon. après tout, ne l'avais-je pas voulu ? il fallait en subir les conséquences, jusqu'au bout. Cela me permettrait sûrement de faire le point, malgré le fait que je risquais de passer une nuit épouvantable et une belle douche glacée à me geler et m'épouvanter. Cela me tiendrait éveiller au moins. A travers le toit percé, j'apercevais quelques nuages noirs passés. Au moins, ceux-là ne seraient pas pour moi.
J'étais partit de Paris vers les 7 heures donc, avec dans l'envie de m'évanouir un peu, de m'effacer pour un petit bout de temps. Jérôme, mon mari, avait eu l'idée d'arrêter de me satisfaire. Je vous explique :
Nous nous étions rencontrés, il y a huit ans sur un marché traditionnel breton. Les circonstances se perdent dans mon esprit. Mais ce que je me rappelle bien, en revanche, c'est notre mariage en novembre de l'année suivante. Après cette suite assez rapide des événements, tout le reste s'était ralentit. Je n'attendais toujours pas d'enfants. Ce n'était pas faute d'essayer. mais ni l'un, ni l'autre n'osions en parler. C'était presque devenu un sujet tabou, un silence, une pause dans notre couple.
J'étais allé chez mon gynéco, qui n'avait rien trouvé. Lui avait certainement dû aller chez son médecin, mais apparemment, il n'avait rein trouvé non plus. Peut-être y était-il même pas allé, vous savez comment sont les hommes, dès qu'il s'agit de l'impuissance. nous nous parlions plus guère. La routine, horrible petite mort, s'était installée, et nous avions arrêté de nous fréquenté. On consommait notre divorce. Le matin travail, le soir dodo, le reste du temps Bureau.
Lui avait pris une maîtresse. Mon instinct de femme ne me permet pas de la décrire sans la disséquer au scalpel de la jalousie. Elle aurait pu plaire à n'importe quel homme, mais elle plaisait surtout au mien, et ce n'est pas n'importe lequel. INACCEPTABLE. Tout cela m'avait ainsi pousser au vert, de prendre enfin une bulle d'air, pour me libérer ou m'enfermer.
La nuit commençait à pousser : Le brouillard se levait avec la lune. Il faisait de plus en plus froid. La nuit apportait ses ombres. J'avais oublié que les ombres de la nuit peuvent vous glacer le sang, en arpentant votre mémoire. A la ville, il n'y a que des formes familières et des sons habituels, même durant la nuit. La campagne a ses traits incongrus qui surgissent de nulle part. Elle possède des jeux d'ombres et de lumière qui transforment la moindre branche d'arbres en couteau, en homme, en chiens, en bêtes féroces. C'est un merveilleux spectacle. La peur, qui sommeillait en vous, d'un seul coup se réveille et saute à votre cou.
Le craquement des branches se métamorphose en bruit de pas. Ils s'approchent vers vous, de tout côté, derrière vous, ici, là le vent vous prend tout à coup un bras, vous pose sur la bouche un bâillon. Vous suffoquez déjà. Vous ne pouvez plus hurler, ici vous êtes dans la nuit. Elle est presque inébranlable.
La porte se met à craquer, à tourner au ralenti, faiblement sur ses gongs. Elle pivote et laisse, d'un seul coup, entrer le vent froid et quelques flocons de neiges. La tête sous votre manteau, vous n'osez plus regardez dehors. Vous chutez au pied de la paille. Elle vous recouvre, s'emmêlant à vos cheveux, couvrant vos yeux. Pourtant de temps en temps, vous jetez un coup d'oeil juste pour vérifier que personne n'entre.
Au matin, vous en avez oublier que le soleil se lève, que vos angoisses n'avaient pas lieu d'être.
Partie à sept heures de Paris et du matin, j'avais retrouvé les montagnes bleutées de mon enfance, le petit village silencieux au fond d'un puits cerclé de hautes cimes. En hivers, les pentes étaient blanchies ; mais l'été, ce qui avait été splendide devenait monstrueux : Des rails de terres battues, limées, frottées. Il ne restait alors aucune pousse d'herbes pour masquer cette immonde traînée brune.
Je ne venais ici qu'en hivers ou en automne. Derrière les planches détachées, j'aperçois un petit sapin aux aiguilles longues et vertes. Il se tient droit, la tête, parfois courbée par le vent, ne s'inclinait jamais vraiment. Il me réconfortait car il était le seul être à se tenir verticalement depuis ce matin.
En partant sur le chemin, j'avais aperçue quelques écureuils, curieux pelages furtifs, qui s'enfuirent dans les branches, ainsi que deux ou trois lièvres qui, à ma vue, se cachaient dans un terrier aménagé, ou se remettaient à sautiller ondulant entre les pousses et les arbustes. Tous ces spectacles étaient bons à la méditation, et j'avais bien besoin. La campagne est toujours un lieu de ressource pour moi, un peu comme d'autre vont aux pèlerinages. Mais j'avais oublié, qu'elle pouvait être, également instable. Et qu'un brusque changement de temps pouvait vous laisser sans aide et seule.
Bien sûr j'étais seule, mais j'avais la chance d'avoir cette grange aux murs délabrés. Elle paraissait être un abri bien illusoire face à l'intempérie qui dardait à l'horizon. après tout, ne l'avais-je pas voulu ? il fallait en subir les conséquences, jusqu'au bout. Cela me permettrait sûrement de faire le point, malgré le fait que je risquais de passer une nuit épouvantable et une belle douche glacée à me geler et m'épouvanter. Cela me tiendrait éveiller au moins. A travers le toit percé, j'apercevais quelques nuages noirs passés. Au moins, ceux-là ne seraient pas pour moi.
J'étais partit de Paris vers les 7 heures donc, avec dans l'envie de m'évanouir un peu, de m'effacer pour un petit bout de temps. Jérôme, mon mari, avait eu l'idée d'arrêter de me satisfaire. Je vous explique :
Nous nous étions rencontrés, il y a huit ans sur un marché traditionnel breton. Les circonstances se perdent dans mon esprit. Mais ce que je me rappelle bien, en revanche, c'est notre mariage en novembre de l'année suivante. Après cette suite assez rapide des événements, tout le reste s'était ralentit. Je n'attendais toujours pas d'enfants. Ce n'était pas faute d'essayer. mais ni l'un, ni l'autre n'osions en parler. C'était presque devenu un sujet tabou, un silence, une pause dans notre couple.
J'étais allé chez mon gynéco, qui n'avait rien trouvé. Lui avait certainement dû aller chez son médecin, mais apparemment, il n'avait rein trouvé non plus. Peut-être y était-il même pas allé, vous savez comment sont les hommes, dès qu'il s'agit de l'impuissance. nous nous parlions plus guère. La routine, horrible petite mort, s'était installée, et nous avions arrêté de nous fréquenté. On consommait notre divorce. Le matin travail, le soir dodo, le reste du temps Bureau.
Lui avait pris une maîtresse. Mon instinct de femme ne me permet pas de la décrire sans la disséquer au scalpel de la jalousie. Elle aurait pu plaire à n'importe quel homme, mais elle plaisait surtout au mien, et ce n'est pas n'importe lequel. INACCEPTABLE. Tout cela m'avait ainsi pousser au vert, de prendre enfin une bulle d'air, pour me libérer ou m'enfermer.
La nuit commençait à pousser : Le brouillard se levait avec la lune. Il faisait de plus en plus froid. La nuit apportait ses ombres. J'avais oublié que les ombres de la nuit peuvent vous glacer le sang, en arpentant votre mémoire. A la ville, il n'y a que des formes familières et des sons habituels, même durant la nuit. La campagne a ses traits incongrus qui surgissent de nulle part. Elle possède des jeux d'ombres et de lumière qui transforment la moindre branche d'arbres en couteau, en homme, en chiens, en bêtes féroces. C'est un merveilleux spectacle. La peur, qui sommeillait en vous, d'un seul coup se réveille et saute à votre cou.
Le craquement des branches se métamorphose en bruit de pas. Ils s'approchent vers vous, de tout côté, derrière vous, ici, là le vent vous prend tout à coup un bras, vous pose sur la bouche un bâillon. Vous suffoquez déjà. Vous ne pouvez plus hurler, ici vous êtes dans la nuit. Elle est presque inébranlable.
La porte se met à craquer, à tourner au ralenti, faiblement sur ses gongs. Elle pivote et laisse, d'un seul coup, entrer le vent froid et quelques flocons de neiges. La tête sous votre manteau, vous n'osez plus regardez dehors. Vous chutez au pied de la paille. Elle vous recouvre, s'emmêlant à vos cheveux, couvrant vos yeux. Pourtant de temps en temps, vous jetez un coup d'oeil juste pour vérifier que personne n'entre.
Au matin, vous en avez oublier que le soleil se lève, que vos angoisses n'avaient pas lieu d'être.
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