03 décembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 3 Scene 3

A vomir, je ne ferais que laver les différentes souillures que vos langues transportent. Je nettoierai le seuil des bâtiments salis, nébuleux, ténébreux et écorchés, entaillés de cul de bouteilles suintant du pétrole liquoreux. La mort se trouve être une jeune femme blonde aux seins de crème fraîche et de lards ; et de lards. Ses étreintes passionnées emmerdent les vivants, et alors ! Et alors, ses yeux se crèvent, gonflés de pus et de larmes. Elle n'aime pas son boulot. Sa peau révèle des oedèmes et des panaris au jus sucré. Des plumes et des poils parent sa langues, pour former une incrustée moustache.

Mort rose, verte, noire, symptôme belliqueux de notre mal de vivre, elle enferme dans un type de casier tous les visages de ces anciens amants. Elle punit et flagelle de son brin d'ortie, ceux qu'elle n'a pas connus, ni aimés. Elle délire et délie. Des barreaux métalliques calfeutrent les petites pièces carrées, où se suivent des carrelages noirs et blancs, des tuyauterie et des radiateurs grillagés. Tout n'est que lignes droites. Le dallage stérile se reflète dans les vitres polies. Eux ne sont pas comme ceux qui vous enferment. Ils font sauter mes yeux comme dans un grand échiquier, où la reine est perdue. Le damier s'accélère et se rétrécie à chaque passe.

Je me suis retrouvé au fond d'une tour, à regarder le hublot, le damier continuer son rétrécissement. Des rires ébouillantaient l'ivresse. Le jour s'acheva, rendant mat le plus commun Roi.
Rv 05

Aucun commentaire: