11 décembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 3 Scene VI


Je me suis laissé tomber dans un trou aux parois de pierre, des dents cloutées dans le plafond, ce bas fond. Mes doigts cherchaient encore une infractuosité dans ce dédale lisse. Mes genoux touchent, à chaque pas, les rebords de ce puits.

Au loin, en haut, une petite étincelle brille jours et nuits sur mon abandon, réfléchissant vainement les lumières du dehors. Aucune ombre ne s'est révélé suffisamment proche pour me toucher d'un seul regard. Mes pieds se heurtent et se blessent chaque mouvement. Mon c'ur saigne à chaque blessure. Je ne peux remonter plus haut que cette lumière pour la regarder en face, jusqu'à m'en aveugler.

Au fond, je reste, je ne puis m'en échapper. Même des chaînes ne suffiraient pas à m'isoler aussi bien, à m'immobiliser aussi fortement qu'un trou de cette taille. Mais des crocs arrachent mon derme, déchirent mes tripes jusqu'à en effacer l'angoisse par la douleur. Enfin, la douceur de l'eau efface. Elle coule le long de mon squelette. Elle jaillit de la lumière et attaque ces endroits qui me faisaient mal. Elle suinte, évaporant les émanations fétides échappées de mon sang.

Le puits se renfloue, enfle, s'échappe des profondeurs, se renverse comme un vase brisé. La petite échappée d'eau s'intensifia jusqu'à devenir torrent. Elle arrache les pierres du puits. Et moi, je me retrouve emballé et embarqué par l'eau et les pierres qui rampent et tâchent ce qu'il restait en haut.

Aucun commentaire: