09 décembre 2005

Les souvenirs d'Isidor Ducasse Acte 3 Scene 4

La fenaison prenait tournure, agrémentant l'univers de quelques touches colorées. Les loups sortaient de leurs tanières, recherchant l'animal qui n'aurait pas fini son hibernation. La fleuraison commençait son envolé de pollens.

Une caillasse se fissura en son milieu, laissant s'échapper des hauts de chandelles mâles, éteintes. Des cierges se faisaient cirer de la main douce et experte d'une jeune none extravertie. Au fond du temple, s'assombrissait le coin, sous l'icône. Mais le chant y résonnait perpétuellement, vaste écho, terrorisé.

Quelques vagues s'accrochaient aux nervures du chant, persuadés de se sauver ainsi des plis et replis de la marée. Blessées, elles y sombraient, mélancoliques, touchant l'île de leurs ailes brisées. Elles " touchaient ciel ", dans un dernier sursaut. Le chant, l'azur s'accordaient à la voûte gothique. Puis elle s'effondrait dans un brouhaha, la mer se fissura. Les vaisseaux claquèrent. Le bois craqua. Les planches désolidarisées de la nef battaient une derrière fois le haut des vagues, puis la mer les engloutissait. Ici et là, on pouvait apercevoir des morceaux épars. Ici une barre, là une voile, mais jamais un homme ne coulait dans cette mer-là. Ils flottaient au-dessus de la ligne, comme un bouchon de pêche, le ventre rempli d'eau. qui étaient les pêcheurs ?

La voûte torturée éclatait de lumière, rendant audible le moindre éclat de soleil. Elle retentissait d'échos colorés. Le hurlement des loups s'y faisait entendre très distinctement, les cris des animaux à l'agonie aussi. Les flammes aussi devenaient sonores. Elles rebondissaient le long des piliers, montant toujours plus haut, cherchant leurs prises dans les interstices des blocs de pierre. Elles grimpaient toujours, se laissaient emporter par leur propre élan. Une fois en haut des vitraux, elles se laissaient tomber en cordées, arrachant d'un seul coup, l'ensemble du tournoiement musicale.
Le tout s'effondrait. le lieur redevenait froid et obscure, l'ermite retrouvait son isolement, qu'il désirait recouvrer. Un grain de pollen soulevé par le vent traversa l'espace et ensemença madame la fleur qui poussait non loin de là.
Verdure

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