21 janvier 2006

La tragédie du ménisque oublié


La fontaine du vin nouvellement tiré est tarie,
la soif immense est étanchée.
Les maisons se ferment une à une devant la course de la lune,
et se voilent les yeux pour mieux se cacher.

La route vierge s'étale tel un lasso,
et claque sur les genoux fébriles de la fille
penchée entre mes cuisses.

La voiture traverse la nuit dans le tunnel qu'elle s'est créée
et roule sur les os des catacombes.
Le virage est serré, l'épingle à cheveux de la fille tombe.

Rendu inconscient
Au terme de l'agonie,
L'aigle ne lâche jamais sa proie, lorsqu'il l'a attrapée,
Il ne la lâche que morte dans son garde manger.

Rendu fou et sauvage à une nature prospère
propice aux moeurs contre nature, et aux vols démoniaques,
l'homme a failli dans sa grande aventure, qu'il s'était donné,
Éternellement nouveau et fort, l'homme, chaque fois, se meurt.

Un tête-à-queue envoie le virage sous les pots de verroterie
des feux désormais éteins.
Un instant, je meurs, la fille, dans les bras, qui n'attendait
que ça, pour vieillir encore plus vite, pour s'empaler
encore une fois.

L'étoile du Nord amène tous les bergers à la table
du seigneur, bien que celui-ci se soit absenté.
Ophélie, Diane et Euthanasie sont là à le contempler
vêtu d'une feuille, d'un sceptre et d'un spectre languissant.
Il rend la liberté à ceux qui ne l'ont pas obtenu.

Désormais froid et mort, le soleil se lève
sur les lassos des routes et emmène
son lot de chagrins, de pleurs et de désolations

La joie n'est plus accueillie à la table
de Satan, elle est enchaînée, et un morceau
d'écran de télévision lui traverse le coeur, lui perce le foie.
Le fil a cassé sur la machine à coudre
"CRAC" a-t-il dit pour la dernière fois.

Aura-t-il assez de coeur pour continuer ?

Pour ainsi dire, la vie et la mort sont continuité ;
Elles n'ont pas de fin - Calmes et discontinus
Les chants des anciens traversent l'Olympe
où se cachent les dernières danses tribales,
mettent à bas les murs des frontières,
et volent au-dessus des nuages de messages.
Ils se cachent, Lorsqu'arriver, ils s'éteignent
ne laissant plus qu'un bel écho :
Étourderie des danses anciennes.

La vieille renarde enragée a pris du plomb dans la patte,
et cherche une grotte pour se soigner en attendant
de mettre bas ses petits. Attendre l'enfantement.
L'infanticide des adultes, la dépression de l'expression.
Un autre jour pour le meurtre.

Le tandem a repris sa course vers les nuages,
Au lointain, un rire s'étreint d'une vieille âme encore lucide ;
L'inceste l'éteint.
L'enfant meurt - Son âme broyée par un bulldozer
Son corps écrasé par un passage clouté
Un clou dans le ventre.
Éternellement beau et fort, le père pleure
Sur la tombe de son enfant chéri mais mort
et flétri.
L'infante jamais candide joue aux jeux obèses du sexe

La carcasse encore chaude de la voiture éventrée
consume les corps de ces amants si jeunes,
consomme ces petites vies sans âme.
La terre reprend les cendres là où le vent les disperse
Et d'un baiser glacé, la brume les ensemence.

Le jour se cache
un jour s'est passé
Un être s'est perdu
dans la froide prison.

" L'instant est toujours plus fort que toute une vie,
lorsque conscient de sa propre mort, on le savoure.
"

La chambre se referme, paralysée.
Un film, une image, un cliché pour faire survivre les souvenirs.
Et tandis que la famille pose pour le deuil,
Les amants ressuscitent par leur amour.
Serait-ce là la véritable fin.
Point de doute n'a le droit de durer,
de subsister comme substitut de la certitude.
Les plumes toujours vierges et inassouvies
savent...

Nul Être ne peut permettre la fin de l'écriture.

Atteindre le soleil
Attendre ses merveilles
Accoucher tranquille
sur les bords du Nil.
Les pharaons sur leurs terres immobiles
trônaient en maître
prônait le meurtre
des enfants naturels considérés comme impurs.
Les portes du Vatican sont sans clés.
Les voix de dieux :
Peu sont capable de les atteindre
ou de les entendre.

Tel un vaste chaos, Dieu déplore
Le devenir de sa terre naturelle
soumise à la créature, qu'il avait lui-même créé.

C'était leur dernier virage
avant la déflagration
qui reconstitua la Terre du début.

La vierge, inconsolée d'avoir perdu son fils,
est devenue folle, par la douleur du souvenir
d'avoir, de son sein, enfanté un saint.
Cruelle est la sainteté sans orgueil.
Un trait, une craie a fini par enlacer ces parents perdus.

Ma mère est venue au chevet de mon lit sans plume, triste
et incontinent. Les continents pourrissent par l?humidité.

Boîtes à souvenirs, à tiroir.

Verdure - L'odyssée (La tragédie du ménisque oublié)

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